L’irrésistible besoin de rire en période de crise
En situation de crises extrêmes, l’être humain a besoin de décompresser avec un peu d’humour. On le constate avec les milliers de blagues qui pullulent depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux. Décryptage d'un phénomène humain naturel.
Rire, c’est bon pour la santé. La fameuse formule de Johann Schneider-Ammann durant son allocution télévisée de 2016 est plus que jamais d’actualité. En effet, malgré la crise qui engendre pour toute la population du stress, de l’angoisse et des nuits courtes, des milliers de blagues circulent tous les jours sur WhatsApp et les réseaux sociaux comme Facebook et Instagram. Des gags sur les couples qui finissent par s’entretuer, sur les collectionneurs de papier toilette, sur l’état de notre physique après plusieurs jours de confinement – gros forcément à force de manger sans bouger - ou encore sur ceux qui finissent alcooliques.


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«Je pense que cette vague de partage de dessins et de vidéos humoristiques a au moins deux fonctions durant la crise que nous traversons», explique le professeur David Sander, directeur du Centre suisse des sciences affectives , de l'Université de Genève, au Campus Biotech de Genève. «La première est celle d’une stratégie de régulation de nos émotions négatives en particulier la peur et l’angoisse. La deuxième fonction pourrait être celle du renforcement du lien social par le partage d’émotions positives, ce qui est particulièrement important en cette période de confinement et heureusement permis par l’utilisation des médias sociaux».
Dédramatiser le danger
Ainsi, le partage de plaisanteries «bon enfant» permet de montrer que l’on forme encore un groupe d’amis, une famille unie, ou toute autre forme de réseau social, même si l’on ne se rencontre pas physiquement. Cela permet aussi de «tuer le temps» pour certaines personnes confinées chez elles, et pour d’autres de s’évader entre deux séances de télétravail.


Selon David Sander, les médias humoristiques, en s’emparant du thème préoccupant du coronavirus, permettent au «spectateur» du media d’attribuer une autre valeur à un événement pourtant menaçant de sorte à le rendre, en tout cas temporairement, moins menaçant. Cela permet une sorte de distanciation ou même de réévaluation partielle du danger, tout en sachant bien-entendu que le danger est bien réel et que cela reste utile d’avoir peur pour se protéger: «L’humour en tant que tel permet de réguler l’émotion par l’émotion». L’induction d’une humeur ou d’une émotion positive par l’humour est une manière de diminuer l’anxiété que l’on ressent sur le moment.
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Selon Andrea Samson, professeure à la faculté de psychologie, UniDistance Suisse et à l’ Institut de pédagogie curative de l’Université de Fribourg , il faut accepter que la situation actuelle soit grave. Toutefois, même s’il faut prendre le problème très au sérieux, l’humour permet de nous soulager. «L’histoire l’a toujours montré: sous des dictatures, des citoyens ont beaucoup utilisé l’humour pour se libérer en quelque sorte des interdictions et autres contraintes matérielle et morale que leur imposait le régime».
Quoiqu’il en soit, Andrea Samson recommande de visionner des vidéos positives et autres films humoristiques afin d’augmenter les émotions positives et de se sentir mieux. Attention également au manque de sommeil prévient Andrea Samson: «La fatigue pèse rapidement sur le moral». L’idée étant d’utiliser au maximum la psychologie positive: «Cela permettra dans quelques années de regarder en arrière et de se souvenir principalement des bons moments».
Une app pour échanger entre amis et rire
Des bons moments qu'il convient de créer avec ses amis et ses proches, en dépassant les contraintes du confinement. Pour échanger avec son cercle de connaissances sans contrevenir aux règles établies par les autorités, le recours aux solutions numériques s'avère utile. Certains utilisent donc des formules traditionnelles comme WhatsApp, Facebook Messenger ou d'autres solutions de messageries ou d'appels groupés. D'autres ont recours à des solutions spécialement dédiées à des retrouvailles groupées en ligne et en vidéo, pour discuter, échanger des mèmes, des vidéos, des détournements et autres traits d'humour.
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C'est ainsi que l’application HouseParty cartonne auprès de la population romande. Ce réseau social permet de réaliser des chats vidéo de groupe. Les utilisateurs reçoivent une notification lorsque leurs contacts sont en ligne et disponibles pour papoter par vidéo. A l’heure de l’apéro, les amis se retrouvent de manière virtuelle pour évoquer la crise actuelle, avec ses effets dramatiques, mais également avec un peu d’humour. Ils se racontent leurs journées, passées à manger, travailler, faire du sport, s’occuper des enfants, et à rigoler un peu, malgré tout.
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