Les potentiels de la Suisse en Chine
Premier pays d'Europe continentale à annoncer un accord de libre-échange avec la Chine, la Suisse doit profiter de cet avantage pour affirmer ses positions, selon Stéphane Graber, de la Chambre de commerce Suisse-Chine.
Annoncée vendredi par le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, la signature de l'accord de libre-échange entre Chine et Suisse devrait intervenir en juillet. Il s'agira du premier accord de ce type entre la Chine et un pays de l'importance économique de la Suisse. - - Pour Stéphane Graber, président de la section romande de la Chambre de commerce Suisse-Chine , l'économie suisse a tout à gagner de cet accord. Et sa précocité par rapport aux négociations engagées par la Chine avec d'autres pays occidentaux pourrait permettre aux entreprises helvétiques d'acquérir et de consolider leurs positions dans ce marché d'avenir. - - la Tribune de Genève : - Que représente pour vous l'annonce de la signature de cet accord?Stéphane Graber: - C'est déjà une formidable opportunité pour l’économie suisse. Cela marque non seulement un aboutissement au terme de ce round de négociations entamé depuis plusieurs années. Mais c'est aussi une ouverture supplémentaire vers un marché aux potentiels extraordinaires. La Chine est la deuxième puissance économique mondiale et va passer en tête avant la fin de la décennie: c'est un marché de plus d'un milliard de consommateurs. Et la Suisse est l'un des rares pays au monde à présenter une balance commerciale excédentaire avec l'Empire du milieu. - - Mais cet accord est également important stratégiquement et symboliquement. Il rappelle que la Chine considère la Suisse comme la porte d'entrée pour l'Union européenne. Ensuite, les Chinois ont la mémoire des symboles: ils n'ont jamais oublié que la Suisse a été parmi les premiers pays occidentaux à reconnaître la République populaire. De même que la première société occidentale à s’implanter en Chine par joint-venture était suisse. Avec cette signature, la Suisse réaffirme son leadership dans l’ouverture de la voie du commerce avec la Chine… et ils s’en souviendront. - - Quels sont les secteurs qui pourraient le plus profiter de cet accord? - - Pour l'économie suisse, les branches qui tireront avantage de cette signature sont nombreuses. Au premier rang, je pense à l'horlogerie et au luxe de manière générale. La demande augmentait déjà avec les barrières douanières et les taxes. Avec cet accord, les taxes vont tomber et les règles administratives seront simplifiées. - - L'industrie des machines-outils a également tout intérêt à jouer la carte chinoise: ce pays est l'atelier du monde pour de nombreux produits et ils sont déjà de gros clients de nos machines. Dans le secteur secondaire, d'autres industries ont des marchés à conquérir et à consolider, à savoir les technologies environnementales et le secteur de la mobilité et des transports (aéronautiques et équipements ferroviaires). - - Enfin, un autre thème a été souvent abordé au cours des négociations: la branche des services. La Chine cherche à développer son secteur tertiaire et va travailler avec les partenaires suisses en ce sens. La coopération dans le domaine financier pourrait donc renforcer la place financière et bancaire suisse. Il faudra évidemment voir le détail de l'accord quand il sera connu, mais il y a une vraie dynamique de ce côté-là et les sociétés suisses peuvent en retirer un vrai bénéfice. - - Certains pointaient néanmoins des zones d'inquiétude, en matière d'agriculture ou de protection de la propriété intellectuelle... - - Sur la propriété intellectuelle, je pense que l'on surestime ce problème: la Chine est en train de renforcer son action dans ce domaine. Signe des temps: les sociétés chinoises sont celles au monde qui déposent actuellement le plus de patentes et de licences. Pour les entreprises suisses, il ne faudra évidemment pas partir la fleur au fusil, mais avec un minimum de préparation et de respect des procédures locales, tout devrait très bien se passer. - - Pour le secteur agricole, c'était effectivement un point qui a posé question pendant les négociations. Mais je pense que nos partenaires chinois ont saisi l'importance de cette problématique en Suisse. Symboliquement, le Premier ministre chinois s'est rendu vendredi dans une ferme suisse où il a reçu des spécialités locales. Ensuite, il faudra analyser le contenu de l'accord quand il sera dévoilé, mais on peut imaginer que des clauses particulières ou des exceptions aient pu être prévues pour ce domaine bien spécifique.
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