Les entreprises chypriotes en attente de liquidités
De nombreuses entreprises chypriotes peinent à fonctionner normalement au onzième jour de fermeture des banques. Elles attendent avec impatience leur réouverture pour savoir «quel impact cela va avoir» sur son activité.

Les mesures drastiques touchant les deux principales banques ainsi que les mouvements de capitaux déstabilisent une économie déjà très fragilisée. - - Selon la chambre de commerce chypriote, «de nombreuses entreprises sont poussées à la faillite» par la fermeture prolongée des banques et les limitations sur les mouvements de capitaux prévues lors de leur réouverture, pour éviter un exode massif. - - «Les opérations avec le monde extérieur sont bloquées», indique Marios Tsiakkis, secrétaire général de la chambre de commerce, soulignant l'importance des importations pour la petite île, qui achète notamment à l'étranger ses carburants et des produits alimentaires. - - Le Parlement chypriote a approuvé vendredi, dans le cadre du plan de sauvetage européen destiné à sauver l'île de la faillite, le principe de restrictions sur les flux de capitaux, dont le détail n'est pas encore connu. - - Marchandise bloquée - - «J'ai une cargaison de légumes qui arrive au port jeudi, je dois trouver 7000 euros pour la récupérer», explique Andreas Agrotis, dirigeant de la plus grosse compagnie d'import-export de fruits et légumes de l'île, Amalthis. - - «Ces aliments sont bloqués jusqu'à ce que je trouve le liquide», souligne-t-il, car les douanes et compagnies maritimes, comme un nombre croissant de fournisseurs, exigent désormais un paiement comptant. - - Il attend avec impatience la réouverture des banques pour savoir «quel impact cela va avoir» sur son activité estimant qu'il pourrait avoir des difficultés à importer des pommes et autres fruits d'Amérique latine, car cela nécessite d'importants paiements en avance. - - Pénurie à venir - - L'importateur de médicaments et cosmétiques Papellinas partage les mêmes inquiétudes. «Notre affaire marche très bien, mais nous avons besoin de savoir quelles restrictions vont être imposées à nos paiements vers l'étranger», souligne Andreas Adamides, directeur financier de la société, n'écartant pas une pénurie de certains produits dans les mois à venir. - - De son côté, Athienitis, un supermarché connu comme l'un des moins chers de Nicosie, exige depuis jeudi que ses clients paient en liquide les autres paiements n'étant plus crédités sur son compte depuis le 16 mars. - - «J'avais assez de réserve jusque là pour accepter chèques et cartes de crédit, mais puisque les banques ne rouvrent pas, et que tout est incertain, je ne peux pas continuer, car cela risque de mettre ma société en danger», souligne Stratos Hadjichristofi, l'un des patrons du magasin. Pourtant, ses affaires sont florissantes: les ventes se sont envolées de plus de 30% en dix jours. - - «Les gens ont paniqué, ils ont eu peur de manquer de nourriture, et ils ont fait des stocks de riz, pâtes, lentilles», explique M. Hadjichristofi, tout en assurant n'avoir pas eu de rupture de stocks «pour le moment». - - PME sur la sellette - - Et de nombreuses entreprises clientes de Laiki et Bank of Cyprus, les deux premières banques du pays, vont subir d'importantes pertes dans le cadre du plan de sauvetage européen. «C'est un arrêt de mort pour de nombreuses entreprises, surtout les plus petites», estime-t-il, évoquant un «désastre». - - «Certaines vont faire banqueroute, d'autres, qui s'en sortaient plutôt bien jusque là, vont réduire drastiquement leurs opérations», explique ce professeur de l'Université de Chypre, citant des entreprises du bâtiment qui vont se voir confisquer le fruit de la vente sur plan de logements, qui était destiné à financer leur construction. - - L'université elle-même va d'ailleurs voir saisis ses dépôts, «y compris des fonds de recherche financés par l'Union européenne», enrage-t-il. - - La municipalité de Nicosie, dont «la majeure partie des dépôts» sont placés chez Laiki et Banque of Cyprus, a également averti que la ponction sur ses comptes allait «étouffer financièrement» la ville.
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