Pénurie de médicaments en Suisse? Secteurs public et privé pas d'accord
La ruée vers le paracétamol causera-t-elle une pénurie en Suisse? Des grossistes en pharmacie ainsi que l’Office fédéral de l’approvisionnement économique (OFAE) estiment que les quantités sont assez nombreuses. D’autres commencent à voir des soucis pour obtenir les produits.

«On commence à voir une pénurie, notamment pour certains articles produits pour soulager des pathologies pulmonaires» affirme Manuel Masconi, pharmacien et cofondateur de la plateforme Remedok . Marco Landi, directeur de PharmaFocus , un grossiste pharmaceutique ajoute: «Dès qu'un médicament est dit efficace contre le coronavirus, nous constatons une augmentation massive de la demande de ces produits. La substance hydroxychloroquine peut certainement être mentionnée à titre d'exemple.»
Un phénomène s’est produit depuis l’arrivée du covid-19 en terres helvétiques: les patients chroniques craignent de ne plus avoir assez de médicaments. «La situation actuelle est comparable à celle des épiceries», lâche le directeur de PharmaFocus. Être le dernier à acheter sa boîte de pilules revient à potentiellement ne pas l’avoir et souffrir. Conséquence: les malades ou ceux qui ont peur de l’être se ruent sur les médicaments, ce qui crée des problèmes d’approvisionnement. Les autorités fédérales ont évidemment réagi pour tenter d’éviter les ruptures de stock. Le Conseil fédéral a mis en place une ordonnance qui limite le nombre de boîtes par clients .
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Le paracétamol, nouvel or?
Les anti-inflammatoires sont à proscrire en cas de coronavirus. Le CHUV l’a clairement indiqué: seul le paracétamol est considéré comme sûr pour soulager la douleur et la fièvre.
Avec son statut de médicament validé par le CHUV , le paracétamol est désormais soumis à une forte demande. C’est pourquoi il fait partie des produits dont l’achat est limité par le Conseil fédéral. «Le paracétamol est l’une de ces substances qui est très demandée» confirme Marco Landi.
Manuel Masconi va plus loin et parle même d’une sorte de «frénésie» devant le médicament, si bien que «aujourd’hui nous devons rationner». Sa plateforme Remedok vise à échanger les stocks entre différentes pharmacies. Quand une pharmacie zurichoise a besoin d’un produit très peu vendu à Appenzell, l’échange peut se faire. «Les pharmacies ont souvent les mêmes grossistes», insiste le cofondateur. La livraison est ainsi simplifiée, et chacun parvient à trouver des solutions.
Pénurie ou non?
La Suisse va-t-elle vers une pénurie de médicaments? Non, répond l’ Office fédéral de l’approvisionnement économique (OFAE) . «L’approvisionnement en médicaments vitaux soumis à la réserve obligatoire est assuré pour les mois à venir. La demande en médicaments non soumis à ordonnance a considérablement reculé depuis que le Conseil fédéral a limité leur remise, ce qui permet de garantir l’approvisionnement dans l’ensemble du pays.» affirme le porte-parole.
La réponse est moins tranchée du côté de PharmaFocus, qui voit des complications arriver. «En raison de l’arrêt de la production durant plusieurs mois en Chine, nous pouvons supposer que nous aurons un goulet d’étranglement dans l’approvisionnement de plusieurs produits.» prédit Marco Landi. L’état de la production est recensée sur le site drugshortage . La Suisse a beau être connue pour son industrie pharmaceutique, cela ne veut pas dire que toute la production ou tous les composants viennent du pays.
Les prix des médicaments sont régulés et fixés par l’ Office fédéral de la santé publique (OFSP) . Du côté de PharmaFocus, tout n’est pas si simple. «60 % des médicaments ont un prix de vente à l'usine inférieur à 10 CHF. Les prix sont souvent moins élevés qu'un paquet de chewing-gum ou qu'un espresso. Le problème, c'est la transparence, car vous pouvez facilement entrer dans une pharmacie et connaître le prix de votre médicament. Moins transparents sont les services dans les cliniques et auprès des médecins ou encore les frais de publicité auprès des compagnies d'assurance maladie. Par conséquent, la politique et la presse se concentrent de manière injustifiée sur le coût des médicaments, qui ne représente que moins de 10 % du coût des soins de santé.»
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Les pharmaciens, en première ligne devant la population, se prennent souvent les foudres de la population. Mais la Fédération romande des consommateurs (FRC) tout comme PharmaSuisse, faîtière du secteur, rappellent où se situe la responsabilité.
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