L’élève regagne le cœur du processus éducatif
Persuadées que les enfants ont la capacité de s’instruire par eux-mêmes, des écoles les laissent aux commandes de leur apprentissage.
L’enfant doit-il être acteur de son éducation? Pour rappel, le modèle éducatif a longtemps été livresque et passif. Ce n’est qu’au XVIIIe siècle que le regard sur l’enseignement a significativement changé. Le philosophe Jean-Jacques Rousseau affirmait ainsi que l’enfant apprend mieux lorsqu’il élabore ses propres pensées et parvient à ses propres conclusions. Aussi est-il préférable de le laisser diriger ses activités plutôt que de lui imposer des leçons ânonnées par un maître. Plus récemment, le pédagogue français Célestin Freinet (1896-1966) a soutenu la même idée. «L’école est faite pour apprendre, mais l’essentiel doit venir de l’apprenant lui-même, et l’apprentissage doit être immergé dans la vie de tous les jours.»
Mettre l’individu au centre des apprentissages n’est donc pas un concept nouveau. «Pourtant, ce n’est que depuis quelques années que le rôle de l’apprenant est à nouveau considéré comme important, note Grégoire Evéquoz dans La carrière professionnelle 4.0 (Editions Slatkine). Plusieurs expérimentations pédagogiques récentes visent en effet à remettre les individus au cœur des apprentissages. Elles portent en elles les germes de ce vers quoi l’école va devoir évoluer.»
Des initiatives novatrices
Il cite la classe inversée dans laquelle les élèves apprennent la matière chez eux, de manière indépendante, à l’aide d’un programme d’apprentissage (vidéos didactiques, podcasts, etc.). Le lendemain, les nouvelles connaissances sont appliquées en classe par le biais de cas pratiques, de travaux en groupe et de discussions interactives. «L’enseignant est là pour proposer les exercices, accompagner les élèves et organiser le temps.»
Autre exemple, celui de l’école 42 du Français Xavier Niel. «Ici, il n’y a plus de professeur. L’apprenant doit être autonome et collaboratif. Il apprend à son rythme, organise son temps comme il le souhaite», poursuit Grégoire Evéquoz. L’apprentissage se fait en situation, c’est le «learning by doing».
Le hackschooling, enfin, pousse le concept encore plus loin puisqu’il n’y a désormais plus d’école. Inventé par Logan LaPlante, un adolescent de 13 ans qui a déserté les bancs de l’école à 9 ans, il fait la part belle à l’autoformation et à l’apprentissage par les pairs.