Le substantiel héritage de Jacques Rogge au CIO
Alors qu'il transmet le flambeau à l'Allemand Thomas Bach, Jacques Rogge peut se targuer d'avoir réussi à mener un certain nombre de réformes au CIO. Mais il laisse surtout 900 millions de dollars dans les caisses.
Quand Jacques Rogge accède à la présidence du CIO le 16 juillet 2001, le CIO (Comité international olympique) se porte bien: l'instance sportive détient dans ses caisses près de 100 millions de dollars. Douze ans plus tard, au moment de remettre les clefs à son successeur Thomas Bach , le trésor de guerre du CIO se chiffre à plus de 900 millions de dollars. - - Pourtant, aux yeux de tous les observateurs, Jacques Rogge devrait rester comme le président qui a fait le ménage dans un CIO largement touché par les rumeurs d'affairisme et d'opacité financière hérités de 21 ans de présidence Samaranch. Sans les éradiquer totalement cependant. - - L'héritage Juan Antonio Samaranch - - Pour expliquer cette réussite comptable, il faut déjà remonter à l'époque Samaranch: sous feu l'ancien président espagnol du CIO, de juteux contrats avaient été signés avec des sponsors: un programme baptisé «Top Sponsors» avait été mis en place à la fin de l'ère Samaranch, regroupant d'abord douze puis onze géants de l'économie qui paient très cher pour que leur marque soit associée aux anneaux de l'olympisme. - -
- Ainsi, alors que les revenus du CIO entre 1993 et 1996 atteignaient 2,63 milliards de dollars, ils avaient doublé trois olympiades (douze ans) plus tard, passant à 5,45 milliards de dollars. Et l'inflation se poursuit: la barre des 8 milliards de dollars a été franchie entre 2009 et 2012, en augmentation de 47%. - - Droits de retransmission et vente de billets - - En plus des sponsors, le CIO tire également ses revenus de juteux droits de retransmission télévisés: 3,91 milliards de dollars sur les quatre années écoulées (dont 2 milliards pour la seule chaîne américaine NBC ). Là, plus que l'héritage Samaranch, c'est le talent de négociation de l'équipe Rogge qui a joué: ces droits ont augmenté de 58% entre 2005-2008 et 2009-2012. Les ventes de billets n'ont, dans le même temps, rapporté «que» 931 millions de dollars. - - Le CIO et son administration ne conservent de loin pas l'intégralité de ces sommes: une très large part est redistribuée aux fédérations nationales, aux comités d'organisation des Jeux, aux fédérations des différentes disciplines affiliées,... Au final, le CIO ne conserve que 10% de ses revenus. - - L'objectif d'assurer l'indépendance du CIO - - Et ces 10%, désormais 900 millions de dollars, c'est l'assurance du Comité. «Cette réserve, liée une police d'assurance couvrant l'annulation des Jeux, garantit le fonctionnement du CIO en cas de crise majeure touchant aux Jeux», expliquait Jacques Rogge lors de l'assemblée générale des membres du CIO à Buenos Aires voici quelques jours. - - Un point essentiel pour celui qui, s'il avait marqué lors de son élection son intention de réformer le CIO pour plus de transparence, avait également l'objectif financier en ligne de mire: «Je veillerai à conserver l'indépendance financière du CIO qui est assurée jusqu'en 2012. J'entreprendrai un audit opérationnel et financier pour tendre vers une gestion plus rigoureuse. Je compte également faire une sorte de réévaluation des réformes engagées après les Jeux de Salt Lake City», avait-il annoncé lors de son élection. - - Diversifier revenus et redistribution - - Une indépendance qui est également liée à une diversification des revenus. Ainsi, les pays émergents devraient à la fois contribuer et toucher de plus en plus dans les années à venir. Ainsi, les droits TV pour la Chine n'ont été que de 99,5 millions de dollars pour les JO de Londres (face aux 2 milliards de NBC), mais devraient augmenter dans les années à venir. - - Et le comité olympique américain (USOC) , qui touchait 12,5% des droits TV et 20% des revenus de sponsoring jusqu'à présent (en raison du poids des sponsors américains), devrait voir sa part réduite à 7 et 10% respectivement. Cette réforme entrera en vigueur en 2021 et devrait donner le «la» jusqu'en 2040. - - Diversifier les recettes et les dépenses afin d'être moins liés à une nation, un média ou un sponsor, afin d'éviter les pressions et les soupçons: voilà l'un des axes majeurs de la présidence Rogge. Avec un héritage de 900 millions de dollars dans les caisses, son successeur Thomas Bach pourra affronter les lobbies sans craindre de mettre en péril l'institution.
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