Le nouveau World Trade Center peine à attirer les entreprises
Trois tours étaient prévues sur le site du nouveau World Trade Center pour remplacer les Twin Towers de New York détruites le 11 septembre 2001. Mais peu d'entreprises se montrent intéressées par ce site.
L'ombre d'Oussama Ben Laden plane toujours sur Manhattan. Près de treize ans après les attentats du 11 septembre 2001, le traumatisme reste marquant pour bon nombre d'Américains. Un nouvel indice est apporté actuellement avec la commercialisation des bureaux de la première des tours qui doivent remplacer les Twin Towers et le complexe qui les entourait avant l'attaque terroriste: les investisseurs peinent à remplir les locaux avec un taux qui peine à dépasser les 50% pour la One World Trade Center .
Pour le moment, la quasi totalité des employés présents dans les bureaux du nouveau complexe sont des collaborateurs de la Port Authority de New York et des salariés de la ville. Les entreprises privées, qui constituaient l'immense majorité des effectifs stationnés dans les Twin Towers et leurs bâtiments annexes rechignent à revenir dans les nouveaux locaux.
Un béton plus solide
Traumatisme lié aux attaques de 2001? Crainte d'être victime d'un nouvel attentat? Conscients du risque psychologique autant que de la possibilité d'être un jour à nouveau la cible d'un groupe armé, les concepteurs, architectes et promoteurs, ont mis le paquet pour sécuriser le site. Ainsi, une colonne vertébrale en béton armé structure la construction en lieu et place des armatures d'acier de l'ancien complexe. «Il s'agit d'un béton hyper-robuste, trois fois plus solide que celui d'un trottoir», explique Mike Marcucci, documentariste qui suit le processus de reconstruction depuis plus d'une décennie. Des précautions ont aussi été prises contre une éventuelle attaque au camion piégé (une attaque de ce genre avait eu lieu en 1993).
Cependant, rien n'y fait: les nouveaux immeubles peinent à attirer. Pour le moment, seul le centre commercial et culturel chinois Vantone , ainsi que le groupe de presse Condé Nast (qui va déménager certaines rédactions de Times Square vers la Liberty Tower, comme Vanity Fair , Vogue et Glamour ), ont d'ores et déjà annoncé leur arrivée. Mais les négociations ont été rudes et les autorités portuaires new-yorkaises ont dû accepter de prendre en charge les loyers des rédactions à Times Square à leur charge jusqu'à l'échéance des baux actuels, soit plusieurs années de loyers à régler.
Devant les difficultés à remplir la première (et plus prestigieuse) des nouvelles tours, des interrogations sont nées quant au bien-fondé de poursuivre les autres chantiers. Six bâtiments sont prévu au total, de hauteurs différentes. Mais l'envergure prévue initialement pourrait être revue à la baisse: deux chantiers notamment sont en cours, pour les tours 2 et 3. Le chantier de la Two World Trade Center vient juste de débuter et seules les fondations sont coulées. La Three World Trade Center compte elle déjà huit étages sur les 80 prévus.
Réunion crucial de la New York Port Authority
Et si ce gratte-ciel se limitait au dixième de sa taille initialement prévue? C'est le risque qui pèse sur le projet avec une réunion organisée ce mercredi 28 mai par la New York Port Authority. D'un côté, certains membres de cette administration comme le commissaire Kennert Lipper, qui estiment que «l'idée de verser plus de 1 milliard de dollars de subvention à un investisseur privé, alors que l'offre immobilière est déjà surabondante dans le quartier, est contraire à l'intérêt général». De l'autre côté, les investisseurs qui ont placé d'importantes sommes dans les projets en espérant les rentabiliser sur plusieurs décennies. Au premier rang desquels Larry Silverstein, qui avait déjà la gestion des Twin Towers jusqu'en 2001 et a obtenu la gestion de trois des six nouvelles tours, dont la 2 et la 3, pour sa société WTC Properties . Janno Lieber, son bras droit, se dit «assez optimiste quant à notre capacité à trouver des locataires».
A ceux qui lui disent que la crise est passée par là entre le lancement du projet et les chantiers actuels (le secteur bancaire emploie actuellement 35'000 salariés de moins à New York qu'en 2007), Janno Lieber réplique qu'une telle situation avait déjà été connue à l'aube des années 1970, peu après l'ouverture des Twin Towers, avec la crise pétrolière, et que tous les bureaux avaient finalement été occupés. Après un intermède d'une décennie: jusqu'à l'aube des années 1980, des administrations municipales avaient occupé les bureaux avant que le secteur privé ne revienne.
Or, avec le prix atteint aujourd'hui par les nouveaux bâtiments (900$ le m2), déménager là des administrations serait très coûteux. Et s'ajouterait au milliard de dollars de subventions alloué par la Port Authority. Des dépenses exorbitantes pour les opposants tels Kennert Lipper, pour qui d'autres travaux sont prioritaires à New York, avec des infrastructures (ponts, routes, tunnels), plutôt que de «financer des tours vides». Les débats traînent donc en longueur. Comme les chantiers: au début des années 1970, deux années avaient suffi pour édifier les Twin Towers; depuis 2002, le projet de nouveau World Trade Center avance au ralenti.
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