Le freelancing a le vent en poupe
Le groupe Adecco et LinkedIn se sont associés pour produire une étude qui vient détruire quelques clichés sur les travailleurs indépendants, et prouve, si besoin était que ce mode de travail devient de plus en plus un choix.
Le groupe Adecco a publié le 14 novembre une étude sur le travail flexible . Ce dernier est défini comme le fait de ‘travailler sans contrat comme intérimaire, travailleur individuel, freelance, consultant, travailleur contractuel, temporaire ou dans une situation similaire’. Réalisée en partenariat par avec LinkedIn, elle porte auprès de plus de 100 000 personnes placées en entreprises par Adecco en 2017 (38 pays, 48 métiers), et l’étude, dans les mêmes pays, de près de 4 millions de profils LinkedIn de personnes qui se présentent comme des contractuels ou ont été identifiés comme tels par l’algorithme de LinkedIn.
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Parmi les principales conclusions de cette enquête, on découvre que la flexibilité devient un choix . 54% des travailleurs flexible font ce choix de vie pour atteindre leurs besoins et ambitions, cela comprend des étudiants pour qui le travail est un complément de revenu (7%), des personnes qui font cela comme marchepied vers une position à temps plein dans un secteur (30%), ceux qui font ce choix par amour de la flexibilité (13%) et d’autres qui voient ce moyen comme une opportunité pour travailler en mode ‘projet’ (5%). Au contraire, 36% y voient un arrêt momentané dans leur carrière, alors qu’ils sont en recherche d’un travail permanent. «Cette étude montre que le travail flexible devient de plus en plus un choix, et reflète la question croissante du sens qui revient parmi les salariés», relève Nicole Burth, CEO du groupe Adecco en Suisse . Elle voit aussi dans le travail indépendant la possibilité de réunir ou cumuler plusieurs occupations ou passions, ce qui n’est pas possible en entreprise. Par ailleurs, cet essor du free-lancing montre que, pour l’individu, c’est la carrière et l’expérience personnelle qui priment désormais, et non l’entreprise.
Peur de la routine
«Un ingénieur polymécanicien aux CFF risque la routine s’il reste dans la même entreprise. Idem pour un ingénieur automobile qui désormais va réaliser un projet chez Mercedes puis un autre pour BMW». Cette flexibilité, autrefois imposée par les entreprises se retourne aujourd’hui en partie contre elles. «Nous sommes dans une ère de guerre des talents, notamment ici en Suisse. Dans un projet IT, il devient très difficile d’engager un profil très spécialisé, c’est le candidat qui décide du type de contrat dont il veut! C’est le cas aussi dans des secteurs touchés par la pénurie. Les infirmières travaillant en bloc opératoire sont en nombre insuffisant. Aujourd’hui, c’est elles qui choisissent leurs horaires de travail».
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Autre grand constat, la flexibilité est prisée par les plus jeunes, qui y voient une nouvelle norme. 89% des 18-26 ans imaginent sans peine ce mode de travail comme modèle de carrière, 82% des 18-26 ans y aspirent à titre personnel. Seuls 2% des jeunes travailleurs indépendants interrogés estiment que les aspects négatifs de ce mode de travail surpassent les aspects positifs. « Les générations Y et Z sont caractérisées par le fait de savoir travailler sur un projet pour quelques mois et passer à autre chose ensuite. C’est l’intérêt d’un sujet qui les motive, et plus une marque ou une entreprise», note Nicole Burth. Ce changement est donc fondamental et les entreprises doivent s’y adapter. Adecco a d’ailleurs effectué un repositionnement en ce sens. «Le groupe couvre largement plus que le travail temporaire avec des qualifications non spécialisées. Notre entité Spring Professional, par exemple, est spécialisée dans le recrutement dans l’IT, les sciences de la vie, l’ingénieurie et la finance».
Guerre des talents
Dans le monde, 30% de l’activité du groupe Adecco consiste désormais à recruter des profils très spécialisés. L’énergie des chasseurs de talents est désormais redirigée vers ces recrutements qui impliquent un investissement humain significatif, et se spécialise de plus en plus. Au contraire, pour les missions très ponctuelles, le groupe a choisi de relancer sa marque historique, Adia. «C’est une sorte d’Uber du travail temporaire: on met en lien candidat et employeur, de façon désintermédiée via une plateforme online», explique Nicole Burth. De plus en plus, le recrutement se spécialise.
Enfin, dernière conclusion de cette enquête, être indépendant est souvent gage d’apprentissage plus rapide: 73% des travailleurs flexibles sur LinkedIn ont des qualifications plus importantes. Un indépendant parviendra à un niveau managérial plus tôt qu’un employé (9,1 ans en moyenne pour le premier contre 10,3 ans pour le seconde). Mais cette différence s’observe à tous niveaux de responsabilité (senior, junior, débutant).
Un constat qui pointe le problème la formation continue –pour les indépendants comme les salariés-. «Il faudra être prêt à continuer à se former», estime Nicole Burth qui rappelle qu’un grand nombre de métiers dans les 10 prochaines années sont encore à naître. «L’intelligence émotionnelle et les langues seront clés, car travailler en équipe et savoir éviter les conflits deviendra essentiel», complète la CEO. Par ailleurs, l’étude pose la question plus générale des droits des travailleurs indépendants –formation continue, cotisations sociales-, et de leur harmonisation, devenue nécessaire, au niveau mondial.
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