Le franc continue de pénaliser l’industrie
Les perspectives de ventes et de rentabilité s’annoncent moroses pour 2017 dans un environnement marqué par les délocalisations d’activités à l’étranger.

La surévaluation du franc hante toujours les nuits des patrons actifs dans le secteur des machines. Dans le canton de Genève, seule l’industrie classe encore la force de la devise helvétique au premier rang de ses préoccupations. Dans les cantons de Fribourg et de Neuchâtel, celle-ci figure respectivement à la deuxième et à la troisième place du baromètre des inquiétudes de la branche.
Comme le montrent différentes enquêtes conjoncturelles, les perspectives s’annoncent mitigées pour cette année. D’autant que la pression sur les marges bénéficiaires reste élevée. Selon les dernières projections du produit intérieur brut pour le canton de Vaud, «la valeur ajoutée de l’industrie des machines pourrait connaître un repli modéré en 2017», alors qu’elle avait stagné en 2016. Dans le canton de Fribourg, on s’attend à une légère amélioration de la situation.
Voir aussi: Malgré le franc fort, le tourisme suisse résiste
«Les investissements restent néanmoins en retrait, en raison des incertitudes économiques. Les patrons sont notamment dans l’attente de la nouvelle mouture que prendra la troisième réforme de l’imposition des entreprises», affirme Chantal Robin, directrice de la Chambre de commerce et d’industrie de Fribourg. Dans le canton de Genève, 57% des entreprises industrielles interrogées au début de l’année prévoient pour 2017 une hausse de leur chiffre d’affaires jusqu’à 5%, et 50% d’entre elles s’attendent à une amélioration de leur rentabilité dans une proportion analogue.
Le renforcement du franc face à l’euro depuis le début janvier n’incite pas à l’optimisme. Or, constate Swissmem (l’organisation faîtière de l’industrie des machines), «un grand nombre des entreprises, notamment les PME, n’ont pas encore digéré les conséquences de la force du franc». Deux ans après l’abolition du taux plancher de 1,20 franc vis-à-vis de la monnaie unique, «57% des entreprises n’ont toujours pas réussi à générer des marges suffisantes pour investir dans l’avenir».
Bobst se développe à l’étranger - -
La force du franc a obligé les patrons à réagir. Prenons deux entreprises emblématiques. A Mex, près de Lausanne, Bobst est l’un des leaders mondiaux des machines d’emballage. Depuis 2009, elle a pris de nombreuses mesures pour sortir de l’ornière. Parmi celles-ci figurent l’acquisition de composants dans la zone euro et le développement de sites de production à l’étranger. Actuellement, Bobst construit une troisième usine en Chine destinée à la fabrication de machines pour matériaux flexibles. Elle occupera entre 200 et 300 collaborateurs à partir de la fin de cette année ou dès le début de l’an prochain.
Voir aussi: Comment l'horlogerie fait face au franc fort
A Moutier, dans le Jura bernois, Tornos est l’un des leaders planétaires des tours automatiques. Pour sortir des chiffres rouges, la société a été contrainte de miser sur ses sites de production situés à l’étranger. La part des tourneuses fabriquées en Suisse a ainsi chuté de 98 à 36% depuis 2012 au profit des usines installées à Taïwan et en Chine. De même, le nombre d’emplois a régulièrement reculé à Moutier. Il ne s’élève plus qu’à 353 (équivalents plein-temps) sur un effectif total de 631. Et, selon les dirigeants de Tornos, la tendance à la baisse se poursuivra dans les prochaines années.
D’après Swissmem, le risque de délocalisation d’activités à moyenne et faible valeur ajoutée reste élevé. Pour l’affirmer, l’organisation faîtière se fonde sur le résultat d’une enquête de l’Institut de gestion technologique de l’Université de Saint-Gall qui montre que 46% des entreprises industrielles envisagent de transférer la production à l’étranger dans les trois années à venir.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.