Le chômage suisse au plus haut depuis 5 ans

La hausse du nombre de chômeurs dans l’horlogerie (36,7% sur un an) est très marquée.
Il faut remonter à avril 2010 pour retrouver des résultats aussi élevés. En hausse depuis juillet 2015, le nombre de chômeurs atteint 158'629 en décembre, soit 7.6% de plus qu’un an plus tôt, selon les données publiées par le SECO vendredi.
Les industries exportatrices très touchées
Les secteurs de l’industrie et du bâtiment sont les premiers impactés, avec un taux de 6.1%, soit 13% de chômeurs en plus sur un an.
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Pour Giovanni Ferro-Luzzi, professeur à l’Université et à la HEG de Genève, et spécialiste du marché du travail, le franc fort est directement en cause: «Il y a eu un décalage. Après l’abandon du taux plancher, certaines entreprises exportatrices ont d’abord rogné sur leur marge, ou accusé des baisses de volume de vente. Au bout de 6 mois, elles ont commencé à supprimer des postes. Sans le niveau très bas du baril de pétrole, la situation serait encore pire.»
De fait, la hausse du nombre de chômeurs dans les industries exportatrices de l’horlogerie et des machines, respectivement de 36,7% et 31.5% sur un an, est très marquée.
Une situation qui impacte particulièrement Neuchâtel, très actif dans les deux domaines d’activité. Le canton présente en décembre le plus fort taux de chômage de Suisse, avec plus de 6% de la population active. Une situation qui pourrait perdurer, selon Giovanni Ferro-Luzzi: «Le ralentissement constaté sur le marché chinois devrait continuer à pénaliser le secteur du luxe, très tributaire de l’Empire du Milieu.»
Un contexte politique et économique incertain
Le SECO ne prévoit pas d’amélioration pour 2016 et table sur un taux de chômage de 3.6% sur l’année. La croissance du PIB suisse, attendue inférieure à 1.5% ne permet pas à l’heure actuelle d’envisager de résorption. «L’augmentation de 8.3% en 2015 du nombre de chômeurs de plus de 50 ans est inquiétante, relève Giovanni Ferro-Luzzi, car cette frange de la population présente moins de chance de se réinsérer que les plus jeunes.»
Difficile toutefois de se fier aux projections, tant les incertitudes liées à la conjoncture internationale et au contexte politique sont susceptibles de peser sur l’emploi en 2016.
«L’éventualité de voir l’étau se desserrer autour du franc, à 1.15 pour 1 euro selon certains analystes, dépendra des politiques croisées de la BNS et de la BCE» rappelle Giovanni Ferro-Luzzi, pour qui l’application de la votation du 9 février 2014 peut également avoir des conséquences sur l’emploi, encore difficiles à évaluer.