Le cinéma romand tisse sa toile dans l’économie locale
Par le biais d'une étude du cabinet Ernst & Young, la Fondation romande pour le cinéma a démontré que l'univers de l'audiovisuel avait non seulement un rôle culturel à jouer dans notre société, mais également économique.

Au-delà d’un aspect purement culturel, le 7 e art participe au développement de tout un écosystème romand. Emploi, hôtellerie, restauration, artisanat: le financement de l’audiovisuel triplerait son apport au sein de l’économie régionale. C’est du moins ce que révèle une étude du cabinet Ernst & Young (EY) présentée jeudi, la première du genre.

Le nerf de la guerre examiné à la loupe
En moyenne, 77 projets audiovisuels obtiennent un soutien de la Fondation romande pour le cinéma (Cinéforom) chaque année. Une enveloppe annuelle globale de 10 millions de francs provenant notamment des six cantons romands, des villes de Genève et Lausanne, ainsi que de la Loterie Romande .
«Le reste des financements institutionnels sont fournis par l’ Office fédéral de la culture (OFC), la SSR et les autres Fonds régionaux (hors Romandie)», précise Jacques-André Maire , le président de Cinéforom. Une «aide indispensable» selon l'ancien conseiller national neuchâtelois.
Fortes de ces investissements, les 56 sociétés de production romandes analysées dans l’étude d’EY sur une période allant de 2013 et 2017, n’ont cessées de faire croitre leur chiffre d’affaires, et ce, à hauteur de 5% par an.

L’année 2017 présente par ailleurs un résultat record avec 45 millions de francs générés. Mais si les performances sont évidentes, les retombées économiques pour la région le sont beaucoup moins. C’est pourquoi le cabinet EY a interrogé les acteurs de la branche.
«Le taux de réponse a été un véritable succès. Habituellement pour ce type d’étude nous sommes déjà satisfaits avec 25-30% de retours, or pour cette analyse nous avons atteint les 60%. Ce qui démontre un réel engouement de la part des professionnels du secteur et une belle représentativité», commente Juan-José Leston , Partner chez EY.
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Un triple retour sur investissement
En ce qui concerne les résultats, l’étude constate que 122 millions des dépenses cumulées, directes et indirectes, ont été effectuées par l’industrie audiovisuelle au profit de l’économie romande. Sachant que Cinéforum a accordé un financement de 39 millions sur les 174 millions alloués au secteur en cinq ans, il en résulte un levier de retour sur investissement en faveur de l’économie régionale de 3,1 fois.

Ainsi, en moyenne, 70 % des coûts de production auxquels CinéForum contribue, bénéficient directement à l’économie locale. Des résultats inattendus pour les économistes. «Nous estimions qu’à partir de 80 millions de francs réinvestis dans le tissu économique, cela représenterait une réussite. Finalement, les chiffres ont largement dépassé nos prévisions», indique Sylvain Vernez, Senior Manager chez EY. Avec plus de 10'400 personnes impliquées dans les tournages et plus de 10 millions de dépenses en hôtellerie et transport en Romandie, les collectivités sont ravies.
Philippe Trinchan , président de la Conférence romande des chefs et délégués aux affaires culturelles (CDAC), s’en fait le porte-parole: «Nous nous rendons compte que la mutualisation des ressources et de la politique culturelle a porté ses fruits. La culture est réellement un bon investissement régional car elle permet d’attirer des entreprises sur l’ensemble de notre territoire et non pas que dans les grandes villes.» De quoi inciter les institutions à continuer d’encourager le soutien économique dans ce domaine.
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Des défis de taille qui persistent
Mais malgré des aides financières et des chiffres d’affaires qui évoluent dans le bon sens, la branche de l’audiovisuel reste fragile. «On fait face à une forte concurrence étrangère, non seulement au niveau des talents, mais aussi par rapport aux fonds incitatifs qui pullulent partout en Europe et que nous n’avons pas en Suisse», constate Joëlle Bertossa , présidente de l' Association romande de la production audiovisuelle (AROPA). Avant de poursuivre: «Beaucoup de tournages étrangers nous échappent car nous sommes trop cher.»

Pierre-Adrian Irlé , réalisateur et producteur, est du même avis. «En Suisse romande, il y a une centaine de sociétés de production mais si peu qui arrivent à en vivre professionnellement. Malheureusement, il y a une certaine précarité dans le secteur qui subsiste», ajoute-t-il.
Pour lui, deux solutions sont envisageables: D’une part, renforcer les financements à travers les infrastructures existantes et créer des fonds incitatifs pour l’étranger. De l’autre, pouvoir travailler en sous-traitance pour la SSR afin de réaliser des magazines ou des émissions pour l’instant produits en interne.
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Un nouveau défi s’est également imposé à la branche audiovisuelle ces dernières années: diffuser son œuvre. «Nous avons de plus en plus de difficultés à trouver des salles pour projeter nos productions. Désormais, nous sommes obligés d’accompagner nos films dans tous les cinémas, rencontrer le public, ce qui demande beaucoup d’investissement personnel non rémunéré», déplore Joëlle Bertossa, présidente de l’AROPA.
Néanmoins, cette dernière s’avoue optimiste et assure que «les choses bougent du côté des collectivités». Une opinion partagée par André Klopmann , directeur ad intérim de l'Office cantonal genevois de la culture et du sport , qui aurait eu vent de travaux en cours à Genève allant dans ce sens et visant à ouvrir un guichet de facilitation administrative pour les tournages.
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