La Suisse, cauchemar des expats
Plusieurs classements font état d’une forte baisse de l’attractivité de notre pays dans les cercles des multinationales. En ligne de mire: le coût de la vie et un accueil glacial de la part de la population.

Les expats ne se sentent pas les bienvenus -
Qu’elles paraissent loin, les années 1980. En pleine guerre froide, sa neutralité pare la Suisse d’une aura stratégique. Le pays faisait alors figure de paradis terrestre dans le monde des multinationales. Hauts salaires, quiétude, opportunité professionnelle de premier choix. Depuis, le mur de Berlin est tombé, les marchés émergents sont apparus, le secteur financier s’est affaibli avec la fin du secret bancaire. Politiquement, la Suisse est devenue un îlot ballotté au cœur d’une Union européenne à vingt-sept, traînant l’image d’un enfant gâté qui veut les avantages mais refuse les inconvénients.
En toute logique, la place de la Suisse a dégringolé dans le cœur des expatriés. Auteur de l’ouvrage Travailler et vivre en Suisse et du blog sur le même sujet, David Talerman témoigne: «J’ai conseillé dernièrement un jeune couple français qui hésitait entre la Suisse et la Chine pour poursuivre une carrière. Pour eux, l’opportunité d’avancement professionnel constituait l’élément déterminant.» Les nouvelles places économiques fortes de Singapour, Taipei (Taiwan), Mumbai, Mexico ou Dubaï regorgent d’atouts dans ce registre, loin devant Genève et Zurich.
Chute dans les classements
Episode traumatisant, la Suisse a perdu cette année 17 places dans le classement des destinations préférées des expats du réseau social allemand InterNations, fort de 3,2 millions de membres. Notre pays chute ainsi de la 27 e à la 44 e marche, sur un total de 68 nations analysées. Alors que le podium est occupé par Bahreïn, Taiwan et l’Equateur, la Suisse se retrouve derrière la Bulgarie (21 e ), les Philippines (28 e ) ou encore le Maroc (32 e ).
Principal grief des sondés, les expatriés ne se sentent pas bienvenus. Selon ce critère, la Suisse se classe 65 e sur 68. Pour 62% des personnes interrogées, il y est difficile de se faire des amis. Si la qualité de vie reste le principal point fort de la Suisse (9 e position), la facilité d’intégration (65 e ) et les coûts de la vie (67 e ) plombent le score.
«C’est sur le critère de la vie de famille que la Suisse a perdu le plus de points. Chez les expats parents, un sondé sur six décrit l’attitude envers les familles comme inamicale, une proportion deux fois plus élevée que la moyenne de l’ensemble des pays», relève Malte Zeeck, CEO d’InterNations. Le mécontentement se concentre sur des structures de garde pour enfants insuffisantes, inadaptées et hors de prix. Le Koweït est l’un des rares pays plus mal classés que la Suisse selon ce critère. Au sujet de la condition féminine, une expatriée norvégienne décrit une «ambiance digne des années 1950». Une Britannique se plaint des «difficultés à combiner famille et carrière pour les femmes, en raison d’horaires scolaires ingérables et du coût prohibitif des structures de garde».
La Suisse se rattrape du côté des revenus car de nombreux expatriés y sont actifs dans la finance, le secteur qui rémunère le mieux les collaborateurs internationaux. Quelque 60% des sondés installés en Suisse touchent plus de 100 000 dollars par an, alors que la moyenne globale dans les autres pays s’établit à 24%. Selon un classement HSBC, la Suisse est le pays où l’on gagne le mieux. Classées par ville, Zurich et Genève se hissent dans un top 5 chapeauté par Bombay où les expats affichent une moyenne de 217 000 dollars de revenus annuels, soit plus du double de la moyenne mondiale. Suivent San Francisco, Zurich, Shanghai et Genève: quatre destinations où la rémunération annuelle dépasse les 200 000 dollars.
La dernière enquête de Boston Consulting Group datée de cette année démontre aussi une baisse de la popularité. Depuis 2014, la Suisse a perdu 3 places, passant du 5 e au 8 e rang. La Confédération a été supplantée par les Etats-Unis, l’Allemagne et le Canada et a particulièrement perdu en attractivité auprès des Russes, des Chinois et des Américains. Alors que le ranking d’InterNations repose sur une participation volontaire des membres du réseau, les résultats du BCG reposent sur des bases statistiques. C’est cette dernière étude qui inquiète vraiment les milieux concernés.
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