La Russie va moderniser le transsibérien
Après cent ans d'exploitation, la Russie va moderniser l'une des lignes ferroviaires parmi les plus célèbres au monde: près de 900 millions de francs seront injectés dans le transsibérien.
De Moscou à Vladivostok, en passant par l'Oural, les grandes plaines, la Sibérie et la Yakoutie, en transitant par 990 gares et sur près de 9289km de long: le transsibérien, ou Transsibirskaïa maguistral en russe, est le train de tous les superlatifs. Et la Russie a décidé de le moderniser.
En effet, construite entre 1888 et 1916, la ligne reliant la partie européenne du pays et l'océan Pacifique a vécu conflits, guerres civiles, changements de tracé des frontières, variations du climat et crises économiques en un siècle d'exploitation. Mais en 2015, rares sont les Russes qui aiment encore rallier l'extrême-orient depuis Moscou (ou inversement) avec un voyage de huit jours: dès qu'ils en ont les moyens, ils préfèrent prendre l'avion. Dans les wagons du transsibérien cohabitent donc les Russes les moins fortunés et quelques touristes à la recherche d'un dépaysement maximal.
Alstom victime de la crise russo-ukrainienne
Le projet, dans les cartons depuis plusieurs années, avait vu s’affronter trois géants du domaine ferroviaire: le japonais Kawasaki, l’allemand Siemens et le français Alstom. Dans un premier temps, le spécialiste français des infrastructures ferroviaires avait emporté le marché. Mais la crise russo-ukrainienne a changé la donne: les tensions internationales ont poussé la France à suspendre plusieurs contrats majeurs avec la Russie, dont la livraison de navires de guerre Mistral.
En guise de mesure de rétorsion, la participation d’Alstom au méga-chantier du nouveau transsibérien a été annulée par les autorités russes qui se sont tournées vers un groupe écarté très tôt dans le processus: le conglomérat chinois China Railway Corporation (CRH), partenaire de la firme russe Ouralvagonzavod.
Ce contrat, signé au plus fort de la crise entre la Russie et l’Occident en octobre dernier, va pousser CRH à bâtir une ligne à grande vitesse Moscou-Pékin trois fois plus longue que le tronçon comparable le plus étendu en Chine: Pékin-Guangzhou. Et une autre ligne de légende, le BAM (Baïkal-Amour Magistral) pourrait aussi être raflée par CRH.
Crise du rouble, chute des prix du pétrole, récession en Russie
Or, les difficultés récentes de la Russie avec la chute des cours du pétrole ces derniers mois et l’effondrement du rouble en décembre ont compliqué la tâche des responsables du projet: la banque publique VTB, qui devait apporter fonds et garanties aux porteurs du projet, s’est retrouvée à cours de liquidités.
En fin de semaine dernière, le gouvernement russe est donc venu à la rescousse de la banque VTB en versant 100 milliards de roubles (1,7 milliards de francs) pour qu’elle dispose des liquidités suffisantes pour lancer les premiers travaux d’infrastructures. Dans un premier temps, c’est un versement de 50 milliards de roubles qui avait été annoncé, mais la somme a été doublée au final, sous la forme d’une augmentation de capital de la société publique des chemins de fer RZD , dans laquelle VTB est impliquée.
Ces sommes proviennent du fonds de réserve constitué ces dernières années grâce à la manne pétrolière et gazière russe. Alors que la chute des cours des hydrocarbures diminue les revenus dans ce domaine, Vladimir Poutine entend actionner ce levier pour financer des chantiers pharaoniques afin de relancer une économie russe entrée en récession ces derniers mois .
Un grand chantier pour relancer l'économie
Et en matière de grand chantier, la modernisation du transsibérien pourrait dépasser toutes les références. En 2013, le chantier était estimé à plus de 260 milliards de roubles (4,3 milliards de francs), et de nombreux experts occidentaux voyaient là un chiffre largement sous-évalué, à l’image de la facture des Jeux olympiques de Sotchi qui a été multipliée par cinq entre le budget initial et la réalisation finale.
Avec plusieurs dizaines de tunnels à creuser, des milliers de ponts et viaducs à jeter par dessus fleuves et marécages, des ouvrages d’art en grand nombre, et le tout dans des régions où les conditions climatiques sont parfois extrêmes.
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