La facture du nucléaire suisse monte à 23 milliards

Selon le principe dit du «pollueur-payeur», «les coûts de désaffectation et de gestion doivent être pris en charge par les exploitants».
Crédits: KeystoneA chaque évaluation, l’addition est plus salée. Déjà en 2011, les prévisions de coûts liés à la sortie de l’atome et la gestion des déchets avaient été revues à 20,6 milliards de francs, en hausse de deux milliards.
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Cette année, l’étude menée par Swissnuclear pour le compte de la Commission pour le fonds de désaffectation et le fonds de gestion des déchets (STENFO), monte la facture à 22,8 milliards. Un montant qui n’inclut pas 1,7 milliard de frais de post-exploitation, entièrement à la charge des exploitants des centrales, pourtant déficitaires.
Dans le détail, les coûts de désaffectation des cinq centrales nucléaires suisses et du Centre de stockage intermédiaire pour déchets radioactifs, à Würenlingen (ZWILAG), se montent à environ 3,6 milliards de francs. Selon Swissnuclear, «l’analyse des projets en cours de démantèlement à l’étranger», plus chers que prévu, induisent cette correction. Les coûts de gestion des déchets avoisinent désormais les 19,2 milliards, en hausse de 8,8%. En cause cette fois, une évaluation plus précise des coûts et une durée supérieure du stockage intermédiaire en attente des dépôts en couches géologiques profondes.
«Pollueur-payeur»?
Deux fonds indépendants ont été mis en place en 1984 et 2000, pour financer d’une part le démantèlement des centrales et d’autre part pour la gestion des déchets radioactifs. Selon le principe dit du «pollueur-payeur», défini dans la loi sur le nucléaire, «les coûts de désaffectation et de gestion doivent être pris en charge par les exploitants», rappelle le STENFO.
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De fait, 11, 7 milliards ont déjà été versés pour alimenter ces fonds, et 11,1 milliards restent encore à apporter. Les exploitants peuvent encore compter sur les intérêts produits par les capitaux sous gestion, qui, estime le STENFO, pourraient couvrir une grande partie du montant dû, «en raison de l’horizon de placement particulièrement long de celui-ci (jusqu’à 100 ans).»
Paradoxalement, les contributions de ces exploitants aux fonds pour la période 2017-2021 diminuent par rapport à la période 2012-2016, alors qu’un financement supplémentaire de près d’un demi-milliard est attendu de la part de la Confédération pour la sortie de l’atome. Le financement public pour la gestion des déchets radioactifs avoisinerait alors les 1,2 milliards de francs.