La banque centrale russe sous le feu des critiques avec la chute du rouble
La devise russe poursuit sa chute malgré une nouvelle augmentation du taux directeur. Depuis le début de l'année, elle a perdu 36% de sa valeur face à l'euro.

Les critiques fusaient vendredi à l'encontre de la banque centrale de Russie, incapable d'enrayer l'effondrement du rouble malgré une nouvelle augmentation de son taux directeur qui risque de peser sur une économie déjà fragile. - - Plusieurs dizaines de personnes ont manifesté vendredi sous la neige devant le siège de la Banque de Russie, selon les médias russes, alors que la monnaie russe plongeait au même moment à de nouveaux records de faiblesse. - - "Pays, où est la justice? Si tu aides les banques, aide aussi les emprunteurs", disait notamment, selon le site Meduza, une pancarte tenue par ces détenteurs de crédits en devises étrangères, une pratique courante en Russie, qui ont vu leurs traites s'envoler ces derniers mois. - - Depuis le début de l'année, la devise russe a perdu 36% de sa valeur face à la monnaie unique européenne et 42% face au billet vert, plombée par les sanctions introduites contre Moscou à cause de la crise ukrainienne et plus récemment par la chute des cours du pétrole. L'inflation devrait atteindre 10% d'ici à la fin de l'année. - - Vendredi matin, l'euro a franchi 71 roubles avant de monter jusqu'à 72,13 roubles, du jamais vu. Le dollar s'est envolé à 57 puis a touché 57,98 roubles. - - Le rouble s'est ensuite légèrement repris, suggérant selon les analystes une intervention de la banque centrale, mais ne reprenant qu'une partie infime du terrain perdu ces derniers jours. - - "Les spéculateurs se sont habitués à ce que les interventions soient inoffensives", critique Alexeï Mikheev, analyste de la banque VTB24. - - "Il faut agir plus fermement et injecter des montants plus sérieux, pour changer les attentes du marché", a-t-il ajouté. "Tant que les attentes des spéculateurs resteront les mêmes, le rouble évoluera en lien direct avec le pétrole", qui représente avec le gaz la plupart des revenus budgétaires et voit ses prix chuter depuis six mois. - - Pour cet expert, la Banque de Russie "cède aux spéculateurs" alors que "l'expérience de 2008 montre qu'elle peut mettre fin à la chute du rouble malgré une forte baisse des cours du pétrole". - - TROP PRUDENTE? - - L'institution a changé le mois dernier sa politique , cessant d'intervenir systématiquement pour encadrer les mouvements de la monnaie, ce qui a coûté à la Russie environ 20% de ses réserves de changes depuis l'été 2013. Elle n'agit désormais que par surprise pour prendre de court le marché et punir les spéculateurs, dans les cas où elle juge la stabilité financière menacée. - - Mais l'effondrement de la devise a gagné une telle intensité qu'elle a dû agir quasi quotidiennement depuis le début du mois, dépensant au total 5,5 milliards de dollars, sans succès. - - Face à des Russes de plus en plus inquiets de la perte de leur pouvoir d'achat, la banque centrale a montré qu'elle ne restait pas inactive en relevant jeudi, pour la cinquième fois cette année, son taux directeur à 10,5%, contre 9,5% jusqu'à alors et 5,5% au début de l'année. Elle cherche ainsi en relevant le loyer de l'argent à augmenter les rendements offerts par la monnaie russe et enrayer sa chute. - - Elle est cependant limitée dans sa marge de manoeuvre par la fragilité de l'économie, qui devrait se trouver selon le gouvernement en récession en 2015, car la hausse des taux d'intérêt des crédits risque de freiner davantage l'économie. - - Au final, sa décision n'a pas satisfait grand-monde. - - Cette dernière "va conduire à une baisse des revenus de la population et à une chute de la production, et le rouble va de toute façon chuter", estime le quotidien Moskovski Komsomolets. Le journal titre avec un jeu de mots concernant la hausse de taux en faisant référence à des cataplasmes sur une jambe de bois. - - Sur le marché à l'inverse, la décision de jeudi a été accueillie par "une certaine déception" car elle a été jugée "trop prudente", ont relevé les analystes de la banque russe Alfa. - - Les analystes anticipent d'ores et déjà une nouvelle hausse des taux lors de la prochaine réunion le 30 janvier. - - La twittosphère russe a été agitée vendredi par un message posté à partir d'un faux compte du journal économique RBK appelant à la démission des dirigeants de la banque centrale.
AFP
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