«La Suisse n’a octroyé aucune concession majeure à la Chine»
Alors que la Confédération planche sur la définition d’une stratégie avec la Chine, Philippe G. Nell, un ancien haut fonctionnaire au Secrétariat d’Etat à l’économie, publie un ouvrage (1) consacré notamment à l'accord de libre-échange entre les deux pays. Interview.

Afin de pouvoir négocier un accord de libre-échange, la Suisse a dû reconnaître le statut d’économie de marché pour la Chine, alors qu’elle pratique un capitalisme d’Etat. Cette concession majeure vous a-t-elle choqué?
Philippe G. Nell: Il peut paraître surprenant que la Suisse ait accordé le statut d’économie de marché à la Chine, dont l’Etat soutient massivement l’économie avec notamment plus du tiers de l’industrie dans ses mains. Comment en est-on arrivé là? La Chine a très habilement lié la négociation d’accords de libre-échange à ce statut car il implique de renoncer à des règles plus souples que celles de l’ Organisation mondiale du commerce (OMC) pour déterminer le niveau de droits antidumping. Le Japon a pu s’y soustraire, tout en établissant des relations de libre-échange avec la Chine, en raison de son poids économique. La Suisse, quant à elle, n’avait pas le choix. C’était un passage obligé pour atteindre son objectif. Elle n’a octroyé aucune concession majeure à la Chine car, n’ayant pas de législation antidumping, elle ne prélève pas de tels droits.