L’omerta règne sur Crans-Montana
Les autorités communales du Haut-Plateau disposent de rapports sur la gestion de la société des remontées mécaniques, mais elles refusent d’en dévoiler le contenu. Par peur?

La fermeture du domaine skiable de Crans-Montana (VS) en avril dernier avait provoqué la stupeur dans toute la Suisse et même à l’étranger. La signature à la fin du mois d’août d’une déclaration d’intention entre les Remontées mécaniques de Crans-Montana Aminona (CMA) , son actionnaire majoritaire Radovan Vitek via CPI Property Group et les trois communes du Haut-Plateau confirme que le dialogue est renoué entre les différentes parties.
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Mais ce climat d’apaisement est trompeur. «La situation continue d’inquiéter les communes. Elles ont demandé des explications sur l’avenir de la société et sur le plan d’assainissement qu’elle doit présenter», affirme Laurent Bagnoud, conseiller communal de Crans-Montana et représentant des communes au sein du conseil d’administration de CMA. Leurs craintes se fondent sur les comptes de la société.
Des doutes à la lecture des résultats 2017
Dans le rapport de gestion 2016 publié au printemps 2017, l’évaluation de la participation de CMA Immobilier pousse les trois organes de révision à réagir. «Nous supposons que la valeur comptable de 37 millions de francs présente une surévaluation par rapport à sa valeur actuelle. De ce fait, l’éventuelle correction de valeur aurait un impact négatif sur le résultat ainsi que sur les capitaux propres. Ces derniers seraient présentés pour un montant trop favorable au 31 décembre 2016.»
Les réviseurs indiquent aussi que, dans le cas où la valeur de la participation serait non conforme à la valeur actuelle, il y aurait violation de trois articles du Code des obligations. Ces derniers font référence au droit au bénéfice et liquidation, à la restitution de prestations ainsi qu’au devoir de diligence et de fidélité. Lors de l’assemblée générale de CMA, les actionnaires apprennent la démission des réviseurs.
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En juin de cette année, les doutes persistent à la lecture des résultats pour l’année 2017, même si CMA a réévalué à la baisse la valeur de la participation de CMA Immobilier. Ce correctif entraîne une perte nette de 36 millions de francs. Dans son rapport, l’organe de révision attire l’attention des actionnaires «sur le fait que la moitié du capital-actions et des réserves légales n’est plus couverte». Autrement dit, les dirigeants doivent procéder à un assainissement de la société.
Face à cette situation, les communes auraient pu proposer l’institution d’un contrôle spécial lors des assemblées générales de 2017 et 2018 afin d’élucider un certain nombre de faits. Or, elles ne sont pas passées à l’action. Malgré le refus prévisible des actionnaires – CPI Property Group contrôlant 85% du capital, un vote sur cette question leur aurait permis de sauvegarder leurs droits. Dans de telles circonstances, des actionnaires détenant 10% au moins du capital-actions peuvent en effet demander à un juge la désignation d’un contrôleur spécial.
«Nous devons regarder l’avenir» -
Si les communes sont restées silencieuses, c’est en raison de l’opposition manifestée par une majorité de membres des exécutifs. Mais elle n’ont pas pour autant abattu toutes leurs cartes. «L’Association des communes de Crans-Montana a demandé plusieurs rapports pour comprendre ce qui s’était passé et elle est épaulée par plusieurs experts», indique Nicolas Féraud, président de la commune de Crans-Montana. Quelles sont les conclusions de ces rapports? «Nous n’envisageons pas de les publier», répond David Bagnoud, président de la commune de Lens. Les autorités politiques craignent-elles une nouvelle fermeture des remontées si elles les dévoilaient? «Ces rapports sont destinés aux seuls membres des exécutifs», affirme-t-il.
Président de CMA, Philippe Magistretti estime que les réserves faites par les réviseurs pour l’exercice 2016 sont levées en raison de la correction intervenue dans les comptes 2017. «Nous avons assaini la société. Nous devons désormais regarder l’avenir plutôt que le passé et faire en sorte que Crans-Montana devienne une des meilleures stations en Europe. Nous sommes positifs sur son avenir ainsi que sur celui de CMA, dont nous ne souhaitons pas qu’elle boucle ses comptes sur de nouvelles pertes.»
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