L’ombre de Pellicano plane sur Hollywood
Anthony Pellicano purge une peine de 15 ans de prison depuis 2008, mais plusieurs anciens clients du détective privé qui espionnait les stars américaines risquent toujours très gros.

Il lui reste encore six ans à purger dans un pénitencier fédéral au Texas, mais beaucoup de monde à Los Angeles a des raisons de redouter son retour. Anthony Pellicano a espionné le gratin de Hollywood pendant des années avant d’être condamné en décembre 2008 à 15 ans de prison pour avoir mis sur pied un important programme d’écoutes téléphoniques illégales. Le détective privé devrait recouvrer la liberté le 23 mars 2019, au lendemain de son 75 e anniversaire. Ce jour-là, les secrets sur les stars, les avocats et les puissants qu’Anthony Pellicano a emmenés avec lui en prison risquent de ressortir eux aussi.
En attendant, l’ombre du détective privé qui a grandi à Cicero, une ville de la banlieue de Chicago où Al Capone avait construit son empire mafieux dans les années 1920, plane sur les tribunaux de Los Angeles. Le 19 mars dernier, Tom Cruise a échappé à des poursuites dans le cadre d’une plainte civile. L’acteur avait été accusé en 2009 par Michael Sapir, l’ancien propriétaire du magazine Bold , d’avoir recouru aux services d’Anthony Pellicano pour espionner ses conversations téléphoniques. Un juge fédéral a estimé qu’il y avait prescription.
Michael Ovitz, le célèbre agent de stars et ancien président de Walt Disney Company, n’a pas eu autant de chance que Tom Cruise. Le 4 mars dernier, le même juge a décidé que Michael Ovitz devrait rendre des comptes devant la justice. Il est accusé d’avoir engagé Anthony Pellicano pour intimider Anita Busch il y a près de onze ans. Le 20 juin 2002, l’ancienne journaliste du Los Angeles Times qui avait enquêté sur Michael Ovitz avait retrouvé sa voiture avec le pare-brise défoncé. Il y avait aussi un poisson mort avec une rose dans la bouche et un message sur lequel il était inscrit «stop». Alexander Proctor, un homme de main de Pellicano, a confessé à l’époque avoir été engagé par l’ancien détective privé pour perpétrer cet acte de vandalisme, mais ce dernier a toujours nié son implication dans l’incident.
Ce mercredi 3 avril, John McTiernan, le réalisateur de Die Hard avec Bruce Willis, devrait pour sa part commencer à purger une peine de prison d’une année dans le cadre d’une autre affaire Pellicano. En 2010, le cinéaste avait plaidé coupable d’avoir menti au FBI. Au début des années 2000, il avait engagé Pellicano pour placer sur écoute le téléphone du producteur Charles Roven (The Dark Knight Rises, Man of Steel).
Une douzaine de plaintes concernant Anthony Pellicano avancent à petits pas dans les tribunaux et sont encore ralenties par la procédure d’appel contre sa condamnation, enclenchée par l’ancien détective privé. Au début du mois de mars, le gouvernement américain a répondu dans un document de près de 1000 pages aux avocats de Pellicano et de ses coaccusés, dont Terry Christensen. Ce poids lourd du barreau à Hollywood était «tombé» pour avoir demandé à Pellicano de placer sur écoute l’ex-femme d’un de ses très riches clients.
Facile de surveiller quelqu’un - -
Dans une interview accordée à Newsweek en août 2011, Anthony Pellicano avait décrit en pointillé la descente du FBI dans son bureau en 2002: «Ils arrivent dans mon business, avait-il raconté à la journaliste du magazine américain. J’ai du matériel personnel sur Arnold (Schwarzenegger, ndlr) . S’ils l’avaient trouvé, il n’aurait jamais été gouverneur de Californie.» Il assure aussi qu’il a été condamné à une longue peine de prison car il a toujours refusé de «vendre» ses clients aux enquêteurs.
Steven Gruel, son avocat à San Francisco, a défendu cette théorie l’année dernière dans sa requête demandant la remise en liberté surveillée de son client. Selon lui, le détenu fédéral numéro 21568-112 serait un homme ruiné et malade. «Quand les procureurs et les agents ont approché M. Pellicano pour l’«inciter» à coopérer avec eux, ils lui ont clairement fait miroiter les clés de sa liberté en échange de son honneur», avait écrit l’avocat dans sa motion le 11 juin 2002. La magistrate en charge de l’affaire Pellicano a rejeté cette demande deux mois plus tard. Elle a affirmé n’être pas convaincue par la théorie de la défense, selon laquelle Anthony Pellicano ne représenterait plus une menace pour la société.
A l’époque, le procès du détective privé avait mis en lumière à quel point il était facile de placer une ligne sur écoute. Anthony Pellicano avait un complice dans la police, un autre au sein d’une compagnie de téléphone ainsi qu’un programmateur informatique. Depuis 2008, la technologie a bien évolué. Et Jon Mark, propriétaire de SpyTec, une société spécialisée dans la vente de matériel de surveillance à New York, affirme qu’il est «toujours plus facile d’espionner». Il mentionne la généralisation des enregistreurs toujours plus «discrets» et bon marché: «Il y a encore trois ou quatre ans, il fallait débourser 400 dollars pour ce genre d’objet, mais il est possible aujourd’hui de s’en procurer pour moins de 100 dollars.»
Les résolutions d’Anthony Pellicano vont, elles, une nouvelle fois être testées dans les semaines qui viennent. Le procès qui le vise ainsi que Michael Ovitz dans l’affaire des menaces contre la journaliste Anita Busch doit s’ouvrir le 17 juin à Los Angeles.
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