Innovation: la Suisse en danger
Des chercheurs zurichois s’inquiètent de la dégradation relative de la position de la Suisse dans le domaine de l’innovation.

Alors que le Parc suisse d’innovation « Switzerland Innovation » a été inauguré le 18 janvier 2016 , une étude du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich nuance fortement la position de leader européen qu’occupe la Suisse dans ce domaine. Publiée dans la dernière édition de La Vie économique (un magazine du Département fédéral de l’économie ), cette analyse compare séparément les indicateurs du «tableau de bord européen de l’innovation»: les intrants (la recherche et le développement) et les extrants (brevets, produits innovants).
Au niveau des intrants, «la Suisse présente une image un peu différente de celle d’un champion de l’innovation», constate le KOF. Depuis le début des années 2000, l’indicateur «pourcentage des entreprises actives dans la R&D» n’a jamais situé la Suisse dans le peloton de tête des pays européens. Depuis la période 2010-2012, sa position s’est même dégradée: la part des entreprises avec des activités de R&D à l’interne et à l’externe a diminué.
«La Suisse a dès lors reculé dans le champ moyen inférieur pour ces deux indicateurs», relève le KOF. En revanche, les entreprises qui restent actives dans ce domaine ont accru leurs dépenses par rapport à leurs chiffres d’affaires. La Suisse affiche ainsi une position de pointe pour cet indicateur en raison de la détérioration de la performance enregistrée par les autres pays.
Toujours leader pour les brevets, mais moins d'avance
Du côté des extrants (brevets, produits innovants), la Suisse arrive en tête. La proportion des entreprises qui conçoivent des produits innovants est élevée en comparaison européenne, de même que celle du chiffres d’affaires réalisée par ces derniers. Mais la position relative de la Suisse a tendance à se dégrader. «Alors que sa situation s’est détériorée pour ce qui est de la part d’innovation, les pays de référence ont vu la leur s’améliorer», observe le KOF.
Pour les chercheurs, une des causses du fléchissement de la position de la Suisse est la progression des coûts de l’innovation. Laquelle oblige les entreprises à opérer des choix stratégiques. «De telles décisions pourraient rapidement avoir des conséquences fâcheuses pour le développement économique général du pays», affirme le KOF.
Afin d’éviter que la situation n’empire, l’institut de recherche estime qu’il faut continuer d’améliorer les conditions-cadres. Prévue par la troisième réforme de l’imposition des entreprises, la déductibilité fiscale des dépenses de R&D pourrait stimuler l’innovation. Mais cela ne sera pas suffisant. C’est pourquoi le KOF lance aussi une proposition novatrice. Il suggère «une mobilisation anticyclique des ressources de la CTI (ndlr: Commission pour la technologie et l’innovation).» Cette mesure permettrait de «compenser l’irrégularité, pour des raisons conjoncturelles, des investissements particulièrement risqués dans l’innovation.»
Aux acteurs politiques et économiques d’agir.
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