Impôts, investissements, immigration: les promesses de Trump à l'épreuve
Tout au long de sa campagne, Donald Trump a multiplié les annonces fortes dans le domaine économique. Sur certains points, ses promesses seront difficiles à tenir.
Selon les résultats qui tombent de plus en plus détaillés, le président élu Donald Trump a triomphé notamment dans des bassins ouvriers sinistrés de l'Ohio. Pour de nombreux analystes américains s'exprimant tout au long de la soirée et des jour qui ont suivi sur les médias américains, ces électeurs ont notamment porté leur choix sur le candidat républicain en raison de ses promesses audacieuses, en matière de fiscalité ou encore d'immigration et de relance de l'activité.
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Dans le domaine de l'immigration, les promesses semblaient pour le moins extravagantes: 11 millions d'immigrés clandestins concernés par des mesures d'expulsion des Etats-Unis, comme l'expliquait en août L'Express . Et ce sans tarder: «Le premier jour, je commencerai à expulser rapidement les immigrés criminels illégaux de ce pays, notamment les centaines de milliers qui ont été remis en liberté sous l'administration Obama-Clinton», avait-il déclaré à Des Moines (Iowa) voici quelques semaines. Dans son viseur: les millions d'immigrés mexicains et issus d'autres pays d'Amérique latine qu'il accuse non seulement de voler les emplois des citoyens américains mais aussi de verser dans la délinquance et la criminalité. Entre-temps, le président élu a déjà revu son estimation du nombre de clandestins à expulser de 11 à 3 millions d'individus, comme le relate Le Monde .
Recrutement de policiers et construction du mur à la frontière
Or, pour mener à bien ces expulsions, Donald Trump va devoir recourir à des forces de l'ordre en nombre afin de mener les interpellations, les reconduites à la frontière. Ceci alors même que le risque terroriste est présent et que les forces de police, fédérales et locales, sont déjà largement sollicitées. Deux choix s'ouvrent donc à lui: réaffecter des forces vers ces missions et renoncer à d'autres opérations, notamment de surveillance de cellules terroristes potentielles, ou augmenter les effectifs des forces de police, ce qui aurait un impact non négligeable sur le budget.
Autre mesure annoncée qui devrait coûter cher: la construction du controversé mur à la frontière entre Mexique et Etats-Unis. Une barrière de 3145km pour bloquer physiquement les migrants venus du Sud. Balayant les arguments de coûts, Donald Trump a estimé le coût entre 8 et 10 milliards de dollars (tandis que le Washington Post évalue la facture à 25 milliards en comptant les achats de terrains privés pour construire le mur ) et annoncé que l'érection de ce mur serait à la charge du Mexique. Mais difficile de savoir comment il compte contraindre son homologue mexicain à prendre en charge ces travaux pharaoniques: ses réponses ont été assez évasives ou peu convaincantes pour le moment.
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Une fois les immigrés clandestins expulsés et cette «concurrence» éliminée, le nouveau président a promis durant sa campagne qu'il redonnerait du travail aux centaines de milliers de travailleurs américains, ouvriers notamment, ayant perdu leur emploi au cours des dernières années. Pour lui, cela passe par un vaste programme d'investissement dans les infrastructures.
Les contradictions des Républicains au Congrès
Or, le président élu se retrouve avec un Congrès à majorité républicaine. Mais derrière cette situation en apparence favorable se cache une contradiction: les Républicains ont tenu depuis de longues années le rôle de défenseurs de l'orthodoxie budgétaire. Sous les présidences successives Clinton, Bush et Obama, dès qu'ils ont eu la majorité, ont freiné les relèvements de plafond de la dette ou les dépassements budgétaires, se montrant toujours plus soucieux du respect des équilibres budgétaires que leurs homologues démocrates. Et alors même que le candidat Trump faisait campagne sur une relance des investissements, les candidats républicains assuraient à leurs électeurs qu'ils utiliseraient leur pouvoir au Congrès pour limiter les dépenses publiques et l'endettement excessif de l'administration fédérale, s'appuyant sur l'explosion de la dette américaine sous les mandats de Barack Obama (de 10'630 milliards de dollars en 2008 à 19'500 milliards de dollars au 31 août 2016).
La question du budget conduit à celle des recettes. Pendant ses huit ans de présidence, Barack Obama a vu le déficit se creuser avec d'importantes dépenses... et malgré une fiscalité accrue: le président sortant a supprimé nombre de niches fiscales et d'avantages divers, et refusé de réduire les taxes sur les entreprises. Cas de figure radicalement différent avec Donald Trump qui a promis d'importantes baisses de la fiscalité. D'abord à destination des ménages, en relevant le niveau minimal des revenus pour être imposé et en réduisant les taux appliqués aux hauts revenus, mais aussi en réduisant la fiscalité sur les entreprises.
Réductions des impôts et taxes pour entreprises et ménages
Du côté des ménages, le seuil en dessous duquel les ménages américains ne paieront pas d'impôts va passer de 9700$ par an à 29'000$ par an (selon les promesses du candidat Trump), tandis que les ménages aux hauts revenus verront leur taux passer de 41% (et même 45% au-dessus de 165'000$) à 33%. De quoi donner certes une bouffée d'oxygène à de nombreux consommateurs. Mais également de quoi faire exploser le déficit budgétaire. Car du côté des entreprises, le taux d'imposition des sociétés pourrait être réduit de 39,1 à 15%, selon le programme du candidat Trump. En s'appuyant sur la base fiscale 2015, cela représenterait un manque à gagner de 4400 milliards de dollars. En contrepartie, de nombreuses niches fiscales seront supprimées et une incitation à rapatrier les capitaux et profits stockés à l'étranger par les firmes américaines devrait être proposée. Mais la facture s'élève tout-de-même à plus de 3000 milliards de dollars.
Dès lors, comment envisager déployer l'autre volet ambitieux de la plateforme Trump en matière budgétaire, soit le plan de relance? Car le candidat victorieux l'a martelé pendant de longs mois: il compte engager un plan de relance de 500 milliards de dollars pour redynamiser l'économie américaine, avec des contrats accordés prioritairement à des entreprises américaines.
Emportés par l'élan de leur élection, de nombreux sénateurs et représentants républicains risquent de suivre, même en maugréant, les premières orientations du nouveau président. Cependant, des calculs ont été réalisés par des universitaires américains sur la base du programme de campagne: si la plateforme était appliquée en l'état, les seules mesures budgétaires feraient exploser la dette américaine, la propulsant de 75% à plus de 100% en un seul exercice budgétaire. Sans compter l'impact à plus long terme. Pour réduire cette hausse dans la durée, le nouveau président a imaginé la mise en place d'un «Penny plan», soit la réduction à hauteur de 1% chaque année du budget fédéral.
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