Europe, sécurité, immigration: les thèmes du 2e tour
Le duel du 2e tour opposera donc les deux candidats les plus clivants parmi les 11 candidats du 1er tour: l'europhile Emmanuel Macron est arrivé en tête devant l'europhobe Marine Le Pen. La finale du 7 mai se jouera sur la question de l'avenir de l'euro et sur la sécurité.

Depuis que les affaires se sont estompées pour laisser place aux arguments de campagne, soit seulement fin mars, la relation entre la France et l'Europe (et notamment l'euro) était devenu le point central de la campagne. Le débat regroupant l'ensemble des candidats avait vu tous les candidats s'exprimer et se positionner sur cette question, et tous avaient répété leur opinion et leur stratégie lors de l'émission qui les avait réunis cette semaine sur France 2. Le choix des électeurs qui se sont déplacés en masse (80% de taux de participation) ont confirmé leur intérêt pour cette question.
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Cette question du débat entre une poursuite de la construction européenne portée par Emmanuel Macron et une sortie de l'euro voire un Frexit soutenus par Marine Le Pen va sans conteste figurer au coeur du duel pour le 2e tour. Le bras droit de Marine Le Pen, Florian Philippot, l'a confirmé dès que les résultats ont été annoncés sur France 2: «Nous avons désormais le choix entre la pousruite de l'immigration et des politiques pro-européennes, et une politique patriote». Sa candidate Marine Le Pen a renchéri quelques minutes plus tard en proposant de «choisir la France, celle qui protège».
Sept Français sur dix veulent garder l'euro
Du côté d'Emmanuel Macron, l'Europe n'est pas tempérée pour récolter les voix des eurosceptiques battus au 1er tour. Il a appelé à choisir «une Europe qui protège». Tout en affirmant vouloir être «le président des patriotes face aux nationalistes».
Sans conteste, l'Europe devrait cristalliser une large partie des attaques des deux camps (et de leurs forces d'appoint respectives). Cependant, une enquête d'opinion révélait récemment que plus de sept Français sur dix tiennent à l'euro et refuseraient d'y renoncer, comme l'annonçait Le Figaro en mars . Un soutien au moins aussi important porte l'Europe en France, même si des nuances apparaissent derrière le vernis européen.
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Pour battre Emmanuel Macron, Marine Le Pen devra donc porter le fer ailleurs. Sur des thématiques où elle peut convaincre les électeurs qu'elle a davantage la carrure présidentielle que l'ancien ministre de l'économie. Souvent décriée pour sa crédibilité sur ce thème dans les semaines passées, la présidente du Front National aura du mal à grapiller des voix, à part celles des souverainistes de droite (représentés au 1er tour par François Asselineau et Nicolas Dupont-Aignan).
Les seules réserves de voix qui pourraient permettre à Marine Le Pen de faire mentir les sondages et les consignes de vote pourraient venir d'une frange de l'électorat de François Fillon. Pas tant celle qui se détermine sur des critères économiques, le programme Fillon étant bien plus compatible avec celui d'Emmanuel Macron qu'avec celui de Marine Le Pen. Mais ceux plus réceptifs à d'autres arguments.
Dès son discours suite à l'annonce des résultats du 1er tour, Marine Le Pen a annoncé la couleur: elle a dénoncé «l’immigration de masse, la libre circulation des terroristes», à l'instar du virage qu'a pris sa campagne dans les derniers jours: la sécurité et l'immigration devraient figurer au centre des échanges dans les deux semaines à venir. Sa nièce Marion Maréchal-Le Pen a renchéri en pointant l'immigration: «Les électeurs qui votent pour nous ne sont pas des xénophobes, ce sont des gens qui aspirent à la protection, à la souveraineté, à la régulation de l’immigration car ils souffrent du communautarisme».
Le défi sécuritaire d'Emmanuel Macron
Du côté d'Emmanuel Macron, le candidat En Marche sait pertinemment qu'il pourra moins capitaliser sur l'aspect sécuritaire que sur la politique économique. C'est là que réside son défi. L'ancien banquier de chez Rothschild, inconnu en 2014 et qui n'a jamais exercé le moindre mandat électif, a déjà pris conscience de ces enjeux. Dès l'émission de France 2 jeudi dernier, il réagissait à l'attaque sur les Champs-Elysées en affirmant que «le premier rôle du président est de protéger». Dans les derniers jours de sa campagne, il mettait également en avant le rôle qu'est appelé à tenir Jean-Michel Fauvergue, ancien patron du RAID (unité d'élite des forces de l'ordre et d'intervention), qui l'a rejoint, comme il l'expliquait dans Challenges voici quelques jours .
Et dans son discours dimanche soir, Emmanuel Macron a rappelé les enjeux sécuritaires, trois jours après l'attaque des Champs-Elysées qui a vu un policier être abattu par un terroriste: «notre pays traverse un moment inédit de son histoire, marqué par le terrorisme».
Au moment où de nouveaux migrants arrivent par masse sur les côtes italiennes ces derniers jours, Marine Le Pen pourrait tenter de reprendre à son compte les arguments historiques du FN, ceux que son père avançait déjà dans les années 1990 et 2000. Sur cette question, Emmanuel Macron sera attendu, afin de savoir s'il prônera une France ouverte et accueillante ou une France ferme et sécuritaire.
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