Elections fédérales: les Suisses valident un virage vert
Les résultats des élections fédérales ont livré leur verdict ce dimanche 20 octobre: la poussée des partis écologistes (Verts et Verts-Libéraux) s'est accompagnée d'un tassement des principaux partis de droite (UDC et PLR) et de gauche (PS), en dépit de la tentative de plusieurs formations de verdir leur discours.

Après la virage à droite de 2015, toutes les enquêtes et sondages des derniers mois laissaient peu de doutes: les électrices et électeurs suisses allaient opérer un retour de balancier, mais largement pondéré par le mouvement de masse en faveur de la protection du climat. Dans les urnes, le mouvement aurait amplifié ce que les études d'opinions laissaient envisager. Les Verts, selon des estimations et résultats encore partiels, auraient réussi un de leurs paris en dépassant le PDC en devenant le 4e parti de Suisse. Avec 13% (en hausse de 5,9 points par rapport à 2015, quand il avait chuté à 7,1% des suffrages), le parti écologiste devancerait le mouvement politique démocrate-chrétien qui se maintient pourtant à 11,8% (contre 11,6% en 2015).
Avec le score en progression des Verts-Libéraux (7,9% en 2019, contre 4,6% en 2015), la somme des résultats de l'ensemble des partis appelant à accorder une importance majeure aux thématiques liées à l'environnement se hisse à 20,9%. De quoi aiguiser l'appétit en vue de la recomposition du Conseil fédéral. Les deux formations pourraient envisager de s'allier pour porter au gouvernement un candidat de consensus apte à donner davantage de poids aux thématiques de l'écologie. La présidente des Verts Regula Rytz n'a pas exclu de demander à ce que la "formule magique" du Conseil fédéral soit revue à la suite des résultats de ce dimanche.
De leur côté, les Verts-Libéraux entendent se positionner en arbitres, s'alliant avec la droite ou la gauche selon les thèmes discutés. Jürg Grossen, président des Verts-Libéraux, l'affirme: "Nous ferons des alliances à droite ou à gauche selon les thèmes, comme l'environnement ou l'accord-cadre".
Net recul de l'UDC
Sur les autres secteurs de l'échiquier politique, rares sont les formations à pouvoir se gargariser. Du côté de l'UDC, les ténors insistent sur le fait que le parti agrarien reste le premier parti du pays avec son score autour de 25,8%. Préférant souligner cette place que le recul dans les urnes par rapport au résultat obtenu en 2015 (29,4%).
Toujours à droite, le PLR subirait lui aussi un recul. Certes moins marqué, mais les électeurs auraient tout de même fait passer le parti de 16,4% à 15,5% entre les deux échéances électorales. L'accent mis ces derniers mois sur une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux, notamment sous l'impulsion de la présidente Petra Gössi, aura au mieux atténué la chute...
A gauche, le PS s'en sortirait à peine mieux. L'effritement de la droite et du centre aurait logiquement dû lui profiter. Mais il enregistrerait un léger tassement lui aussi. Les déclarations de plusieurs dirigeants et candidats ces derniers mois sur l'importance du volet écologique de leur programme ou la complémentarité des luttes sociales et environnementales n'auront pas suffi: de 18,8% lors du scrutin de 2015, le PS passerait à 16,5% cette année.
Les Verts talonnent le PLR au Conseil national
Selon les projections non encore définitives, les 200 sièges du Conseil national se répartiraient comme suit: 53 UDC, 39 PS, 29 PLR, 28 Verts, 25 PDC, 16 Verts-Libéraux, 3 PEV, 3 PEV, 1 POP, 1 Lega, et deux élus indépendants. Au Conseil des Etats, les 46 sièges se répartiraient ainsi: UDC, PS, PLR, Verts. PDC, Verts-Libéraux, PEV, autres (Lega au Tessin,...). Un Conseil national plus féminisé que lors de la législature précédente: 85 femmes ont été élues ce dimanche. Un nombre record pour la chambre du peuple. Elles représentent désormais 42,5% des 200 élus, contre 32% au début de la précédente législature.
Au Conseil des Etats, 24 candidats ont été élus au 1er tour: 8 PDC, 7 PLR, 3 PS, 3 UDC, 2 Verts et un indépendant. Il y aura des deuxièmes tours dans 14 cantons, prévus pour la plupart l'un des deux premiers dimanches de novembre.
Résultats par cantons
Symptomatique de ce mouvement de balancier: la canton d' Argovie où l'UDC reste le premier parti (31,9% des suffrages) mais perd 6,12 points par rapport à 2015. Dans le même temps, les Verts gagnent 4,5 points, passant de 5,5% à 10% des votes dans le canton rhénan. Le centre et la gauche se renforcent légèrement (PS à 16,5% avec +0,4 point; PDC à 9,7% avec +1,1 point), tandis que le PLR recule également (13,6%, avec -1,6 point).
Cas de figure similaire à à Glaris : sur les deux sièges au Conseil des Etats, le PLR conserve le sien en la personne de Thomas Hefti, mais ce dernier sera accompagné pour la législature d'un Vert: Mathias Zopfi est arrivé en deuxième position et récupère le siège du sortant UDC Werner Hösli.
Selon une projection SSR, St-Gall ferait aussi de la place aux élus écologistes: Verts et Vert'libéraux remporteraient un siège chacun au Conseil national, au détriment de l'UDC et du PLR perdraient, tandis que PDC et PS resteraient stables. Un cas de figure similaire est attendu à Lucerne : l'UDC perd deux sièges et le PLR un au Conseil national, tandis que le PS (1) et le PDC (3) restent stables, et les Verts-Libéraux envoient un élu à Berne (le jeu des équilibres démographiques au niveau fédéral a fait perdre un siège au canton entre 2015 et 2019).
Cas de figure particulier: le corps électoral de Schaffhouse a reconduit l'ensemble des sortants: au Conseil national Thomas Hurter (UDC) et Martina Munz (PS) retrouvent leur siège, tandis que l'UDC Hannes Germann et l'indépendant Thomas Minder (membre du groupe parlementaire de l'UDC) représenteront le canton au Conseil des Etats.
A Berne , ballotage dans le scrutin pour le Conseil des Etats: le PS Hans Stöckli devance la présidente nationale des Verts Regula Rytz et l'UDC Werner Salzmann. Il faudra attendre le 2e tour pour les départager.
A Genève , où la participation a été moins importante qu'en 2015 (38% contre 42,9% en 2015), ce sont les candidats Vert Lisa Mazzone et socialiste Carlo Sommaruga qui sont arrivés en tête dans la course au Conseil des Etats, devançant Hugues Hiltpold (PLR), Béatrice Hirsch (PDC) et Céline Amaudruz (UDC). Le PLR, par la voix de Christian Lüscher au micro de la RTS, a souhaité que le mauvais score de son parti serve d'électrochoc en vue du 2e tour.
Pour le Conseil national, la vague verte se confirme dans la cité de Calvin: les Verts obtiendraient trois sièges (Lisa Mazzone conserve son siège, même si les pronostics la placent au Conseil des Etats, Nicolas Walder et Delphine Klopfenstein Broggini sont en tête, Pierre Eckert arrive en quatrième position), devançant PS et PLR qui en perdraient un chacun et se retrouveraient tous deux avec deux sièges (respectivement Laurence Fehlmann Rielle et Christian Dandrès pour les socialistes, et Christian Lüscher et députée Simone de Montmollin pour le PLR), de même que l'UDC qui conserverait ses deux sièges (Céline Amaudruz et Yves Nidegger). Le PDC conserve son siège unique (Vincent Maitre va remplacer Guillaume Barazzone). Deux autres formations politiques genevoises feraient leur entrée sous la Coupole: Ensemble à Gauche (Jocelyne Haller) et les Verts-Libéraux (Michel Matter). Par contre, le MCG perdrait son unique siège (occupé par Roger Golay) à Berne. Eric Stauffer, sur la liste PBD, arrive loin des positions éligibles. Au total, six des douze sièges auxquels le canton de Genève a droit, seront occupés par des élus de gauche.
Pour le canton de Vaud , la dynamique en faveur des formations écologistes est manifeste: la Verte Adèle Thorens (39,90%) devance la socialiste Ada Marra (39,66%), et distance aisément le PLR Olivier Français (29,23%) dans la course au Conseil des Etats. Les autres candidats sont largement distancés: les UDC Jacques Nicollet (17,65%) et Michaël Buffat (16,33%) et la Verte-Libérale Isabelle Chevalley (12,11%). Un deuxième tour sera cependant nécessaire et il est prévu le 10 novembre.
Pour la course au Conseil national dans le canton vaudois le plus peuplé, l'UDC, qui pourrait perdre le siège de la démissionnaire Alice Glauser-Zufferey, devancerait de justesse le PLR (22,57% contre 20,99%), tandis que le PS (16,57%) et les Verts (14%) suivraient. Les Verts-Libéraux devraient obtenir un mandat supplémentaire. Le PDC est largement distancé (1,77%) et pourrait perdre tout élu vaudois à Berne.
A Fribourg , la stabilité est de mise, avec un léger gain pour les Verts et un léger recul pour le PS. Tous les sortants seraient réélus au Conseil national, selon les résultats partiels basés sur 79 communes sur 137, publiés par la Chancellerie d'Etat de Fribourg, à l'exception de la socialiste Ursula Schneider Schüttel, qui sera remplacée par le Vert Gerhard Andrey qui entrerait au Parlement. Le PDC pourrait conserver ses deux sièges, avec l'arrivée de Bruno Boschung, qui hériterait du fauteuil laissé vacant par le sortant Dominique de Buman.
A Neuchâtel , la poussée écologiste est majeure: les Verts obtiendraient 20,16% des votes. Grâce à leur alliance avec le POP et Solidarités, ils pourraient emporter deux sièges au Conseil national (Céline Vara, Fabien Fivaz et le POPiste Denis de la Reussille sont en lice), tandis que l'UDC perdrait son unique siège (occupé par Raymond Clottu). Le PS offrirait un 3e siège à la gauche dans le canton avec le socialiste Baptiste Hurni. Quant au 4e siège du canton, il devrait revenir au PLR: Philippe Bauer, conseiller national sortant devance Damien Cottier, mais ce dernier pourrait profiter de l'élection du premier au Conseil des Etats pour se frayer une place jusqu'à Berne.
Dans le Jura , le PS devient le premier parti du canton dans la course au Conseil national, devant le PDC, avec 27% des voix contre 22,8%. Les deux élus sortants, Pierre-Alain Fridez (PS) et Jean-Paul Gschwind (PDC), ont été réélus à un troisième mandat sous la Coupole.
En Valais , les électrices et électeurs ont, pour la première fois, envoyé un élu écologiste à Berne: Christophe Clivaz (Verts) a été élu ce dimanche au Conseil national. Pour le Conseil des Etats, il y aura un second tour le 3 novembre. Ce dimanche 20 octobre, le PDC a ravi les deux premières places avec Beat Rieder et Marianne Maret, suivis par Mathias Reynard (PS). Ce dernier devance Philippe Nantermod (PLR), la Verte Brigitte Wolf, et l'UDC Cyrille Fauchère.
Côté alémanique, à Bâle-Ville , la sortante socialiste du Conseil des Etats Eva Herzog est aisément reconduite pour le seul siège du canton. A Zurich , son collègue de parti Daniel Jositch a lui aussi facilement atteint la majorité absolue et retrouvé son siège au Conseil des Etats.
Dans l'un des rares cantons où les Verts-Libéraux devancent traditionnellement les Verts, les Zurichois valident la poussée des deux mouvements écologistes: selon des projections non définitives pour le Conseil national, l'UDC resterait le premier parti du canton, mais perdrait 1,7 point à 29%; le PS conserverait sa 2e position (17,2%), tout en perdant 4,2 points; le PLR enregistrerait lui aussi un recul (-2,1 points) à 13,3%; et ce sont les Vert'libéraux qui gagnerait le plus (+6,8 points, à 15%), suivis par les Verts (+4,4 points à 11,3%).
Au Tessin , la progression des Verts est majeure: dans la course au Conseil national, le parti passerait de 3,5 à 11,6%, talonnant l'UDC (12,5%) qui gagnerait tout de même des suffrages (+1,2 point). Ces deux formations politiques seraient les seules à enregistrer un succès, toutes les autres perdant du terrain: la Lega chuterait de 4,8 points à 16,9% des voix, le PLR perdrait 2,5 points à 21,2%, le PDC 3,1 points à 17% et le PS 1,8 point à 14,1%. Dans la répartition en sièges, le PLR perdrait donc un fauteuil au profit des Verts.
Parmi les personnalités dont la candidature était scrutée, la conseillère nationale sortante Magdalena Martullo-Blocher (UDC, Grisons) a été facilement élue, devançant même son collègue de parti Heinz Brand. A Fribourg, le président du PS suisse Christian Levrat a été facilement réélu au Conseil des Etats. Autre figure médiatique, Roger Köppel (UDC) a réalisé un mauvais score à Zurich et se retrouve 3e dans la course au Conseil des Etats.
Enfin, il est à noter que deux figures marquantes de l'économie, Jean-François Rime (Fribourg) et Hans-Ulrich Bigler (Zurich), respectivement président et directeur général de l'USAM (Union suisse des arts et métiers, organisation faîtière des petites et moyennes entreprises), ont été largement distancés dans les urnes ce dimanche. Le Fribourgeois doit d'ores et déjà renoncer à sa place sous la Coupole, tandis que son camarade zurichois a fort peu de chances d'y accéder.
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