Economie verte: quatre arguments à l’épreuve des faits
Peut-on parvenir en 34 ans à diviser par trois l’empreinte écologique de la Suisse? Dans le débat sur économie verte, les idées reçues résistent mal à l’analyse factuelle.

Réduire par trois l’empreinte écologique de la Suisse à l’horizon 2050: l’objectif est clair mais sa faisabilité divise. Réputée bon élève de l’écologie, champion du recyclage déjà bien avancé dans l’économie circulaire, le pays serait sur la bonne voie. Aucune raison selon les opposants de poser un objectif coercitif à 2050, quand l’économie va naturellement en ce sens.
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Pour les initiants, qui soulignent également les progrès réalisés, ce serait au contraire l’occasion d’accélérer la transformation vers une économie durable. Revue de détail de l’argumentaire, avant le vote populaire le 25 septembre prochain.
1. «La Suisse est un bon élève parmi les pays développés»
Dans un communiqué de juin, EconomieSuisse explique qu’en termes de recyclage, la Suisse atteint «des taux dont les autres pays ne peuvent que rêver». Pourtant, le dernier classement proposé par l’OCDE en 2014 donne une analyse plus nuancée: avec 51% de déchets triés et compostés, la Suisse pointe à une honorable sixième place, bien au-dessus de la moyenne de 34%, mais en-deça des 65% de déchets traités par le leader allemand.
Ce bon résultat ne suffit pas à limiter de façon notable l’empreinte écologique du pays. Entre 3.2 et 3.3 équivalent planète, le pays se place dans la moyenne de l’OCDE, soit un chiffre deux fois supérieur au total mondial de 1.6 fois ce que la planète peut produire en un an. Difficile de parler de «bon élève», comme le font les opposants, d’autant plus que le chiffre présente une stabilité remarquable depuis plus de 40 ans.
2. «Un équivalent planète, on y va déjà»
Tant le PLR que Verts semblent d’accord pour souligner les efforts réalisés en matière de réduction de la consommation de CO2. Un élément d’autant plus important que près de trois quart de l’empreinte écologique suisse est imputable aux gaz à effets de serre. De fait, de 7.9 tonnes en 1990 à 6.5 en 2013, la Suisse a réduit de 17.7% ses émissions de C02 par habitant sur la période. La taxation de 84 francs la tonne de CO2 mise en place par la Confédération porte donc ses fruits.
Seul hic: pendant le même temps, la population augmentait dans des proportions similaires. Par conséquent, en 23 ans, la production globale de gaz à effet de serre de la Suisse n’a baissé que de 1%. Et c’est cela qui compte pour l’initiative, l’empreinte écologique se mesurant à l’échelle du territoire et non par habitant.
Même en se basant sur les plus optimistes des perspectives d’une stabilisation à 10 millions de la population d’ici à la fin du siècle, il faudrait, au rythme de diminution du dernier quart de siècle, plus de 150 ans, et non 34, pour diviser par trois les émissions globales du pays.
3. L’industrie au cœur du problème
La première des solutions évoquées par les initiants serait l’accélération du passage à l’économie circulaire. Basée sur l’écoconception de produits retraitables et sur une limitation de l’usage du CO2 et des ressources naturelles dans les processus de production, elle vise en premier lieu l’industrie.
Or, l’industrie n’est que le troisième pôle de production de CO2 en Suisse.
Avec 20.6%, elle apparaît loin derrière les émissions domestiques, dont les bâtiments, 31.1% et les transports, 29%. C’est donc sur l’isolation des bâtiments, la pollution par les véhicules et non sur les processus industriels que devra porter l’essentiel de l’effort.
4. La baisse de l’empreinte écologique: un progrès environnemental
Le passage à la voiture électrique pourrait constituer une solution intéressante, mais il pose la question du mode de production de l’électricité en quantité beaucoup plus importante. Si l’initiative était votée, le recours au nucléaire - produit ou importé, 80% de l’électricité française par exemple étant nucléaire - pourrait devenir tentant pour atteindre l’objectif, la production de déchets radioactifs n’entrant pas dans le calcul de l’empreinte écologique. Une démarche qui ne contenterait certainement les initiants écologistes.
Souvent fustigé comme imparfait, l’indicateur d’empreinte écologique ne prend pas non plus en compte la production de métaux lourds, ainsi que les stocks disponibles de ressources et les écosystèmes. Il est donc incomplet en termes de durabilité.
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