Double non aux initiatives agricoles, oui au vélo
Lors des votations de ce dimanche, les électeurs et électrices suisses ont rejeté les deux initiatives sur l’agriculture, mais ont accepté celle sur le vélo.

Les dernières enquêtes avaient vu juste: parti très haut dans l’opinion publique au début de l’été, le soutien aux deux initiatives en lien avec le monde agricole, l’initiative pour des aliments équitables et l’initiative pour la souveraineté alimentaire, s’était fortement érodé au début du mois de septembre. A contrario, le soutien populaire à l’initiative sur le vélo s’était renforcé. La deuxième vague de sondage gfs bern pour la SSR avait donc marqué un tournant dans la campagne électorale. Au final, selon les premiers résultats encore partiels, les Suisses ont rejeté les deux initiatives sur l'agriculture (64% de non à l'initiative sur les aliments équitables, et 71% de non à celle sur la souveraineté alimentaire) et approuvé à 72% celle sur les pistes cyclables.
Au fil de l’été, les citoyens avaient rejoint leurs partis, conformant leurs intentions de vote aux directives émises par les états-majors, aussi bien sur la question des aliments équitables (Verts et PS en faveur du texte, PLR, UDC et PDC opposés) que sur celle de la souveraineté alimentaire (mêmes clivages partisans); il n’y a que sur le vélo que les électeurs de tous les partis se retrouvaient pour entériner le fait d’accorder à la Confédération une compétence en matière de pistes cyclables (forte majorité dans tous les groupes, très légère majorité chez les électeurs UDC).
Les sujets agricoles remis au centre des débats
Le verdict des urnes aura donc confirmé cette évolution des réflexions au fil de l’été. Mais les scores sont révélateurs de préoccupations nouvelles dans l’électorat, notamment sur le plan agricole. Les Verts et les Socialistes auront réuni des soutiens au-delà de leur base électorale habituelle sur les aliments éqiutables. Il aura fallu un front commun du centre et de la droite pour faire échec aux initiatives. Bien que vaincus, les initiants peuvent se réjouir d’avoir placé au coeur du débat public deux questions sur l’avenir des filières agro-alimentaires en Suisse. Un constat que la Verte vaudoise Adèle Thorens n'a pas manqué de mettre en avant dès que les premiers résultats ont été connus.
Et le poids du oui, même minoritaire, ne saurait exempter le camp des vainqueurs d’une prise en compte plus forte et plus attentive de ces questions. Traditionnellement forts dans les milieux ruraux et agricoles, les partis de droite devront reprendre leur discours sur ces questions pour mieux prendre en compte les aspirations et inquiétudes d'une partie non négligeable de la population. A fortiori dans les cantons romands.
Un röstigraben fortement marqué dans les urnes
Dans le camp du non, la victoire reste mesurée. Et même les plus farouches opposants aux deux textes n'ont pas contesté l'aspiration grandissante d'une partie de la population pour une meilleure traçabilité des filières alimentaires notamment, mais en pointant des excès dans les textes des deux initiatives, à l'instar de l'UDC bernois Manfred Bühler.
Car le röstigraben a une fois de plus joué un rôle. Le rejet des deux initiatives sur l'agriculture est bien plus fort Suisse alémanique qu'en Suisse romande. Certains cantons romands auraient même accepté l'une ou l'autre (voire les deux) initiative agricole. Selon des résultats non définitifs, Genève et Vaud auraient dit trois fois oui, à l'instar du Jura, et Neuchâtel n'aurait rejeté que l'initiative sur la souveraineté alimentaire (avec un écart très minime qui laisse encore possible un basculement de dernière minute).
Ce sont notamment les électeurs de certains cantons pourtant traditionnellement ruraux qui ont marqué le plus nettement leur opposition à ces textes. Fribourg et le Valais pour la Suisse romande (où le poids des minorités alémaniques a sans nul doute contribué à faire pencher la balance), Argovie, Schaffhouse, Thurgovie, Nidwald et Glaris notamment en Suisse alémanique. Les grandes villes de Suisse alémanique comme Bâle et Zurich ont également largement rejeté les deux initiatives agricoles, et accepté l'initiative sur le vélo.
Parmi les autres sujets soumis aux électeurs, l'Argovie aurait largement rejeté une hausse de la fiscalité pour les grandes fortunes: plus de 73% des électeurs et électrices auraient rejeté la proposition de la Jeunesse socialiste, que combattaient le gouvernement et le parlement cantonaux, qui craignaient une fuite des gros contribuables vers les cantons voisins ou l'étranger. A Saint-Gall, la burqa devrait connaître le même sort qu'au Tessin ou en France et être interdite: la loi interdisant de se dissimuler le visage dans l'espace public, contestée par une partie de la gauche, aurait réuni près de 70% des suffrages.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.