Crans-Montana au bord du précipice
Le torchon brûle entre les communes du Haut-Plateau et les dirigeants de la société CMA. Au cœur du conflit: la gestion de la société de remontées mécaniques de Crans-Montana.

Deux mois après les révélations de Bilan concernant l’existence de rapports secrets sur la gestion des Remontées mécaniques de Crans-Montana Aminona (CMA) , les autorités politiques divergent sur l’attitude à adopter face aux dirigeants de cette société, alors que les relations entre les communes du Haut-Plateau et Radovan Vitek, qui détient 85% du capital de CMA via sa société CPI Property Group , n’ont jamais été aussi mauvaises
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Actionnaires minoritaires de CMA, les communes de Crans-Montana, Lens et Icogne ont commandé des audits sur les comptes de la société qui affichait une perte de 36 millions de francs au terme de l’exercice comptable de 2017 et sur l’augmentation de capital de 2016 qui a permis à Radovan Vitek d’accroître son pouvoir.
L’an dernier, les trois organes de révision de CMA démissionnaient en bloc et alertaient les actionnaires sur une surévaluation importante de CMA Immobilier (une société de Radovan Vitek) dans les comptes de la société de remontées mécaniques, ainsi que sur une violation éventuelle de trois articles du code des obligations relatifs au droit au bénéfice et liquidation, à la restitution de prestations et au devoir de diligence et de fidélité
Controverse entre élus locaux
Après plusieurs semaines de tergiversation, deux des trois présidents de communes croisent désormais le fer par médias interposés. Dans Le Nouvelliste du 8 novembre , David Bagnoud, président de Lens, estime qu’il faut privilégier la négociation «parce que je ne veux pas d’une procédure qui coûtera cher et qui n’arrangera rien. Il vaut mieux un bon accord qu’un mauvais procès.»
Président de Crans-Montana, Nicolas Feraud réplique dans Le Matin Dimanche du 13 novembre: «Nous attendons qu’il (Radovan Vitek ndlr) répare intégralement les dommages provoqués. Mais jusqu’à ce jour, toutes nos exigences en la matière sont restées lettres mortes. (…) Sans cela, il y aura une procédure civile de notre part pour faire valoir nos droits.»
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Ce n’est pas tout. Les acteurs politiques cantonaux sont entrés dans la danse. A Crans-Montana, le président Nicolas Féraud a reçu non seulement le soutien de son parti (le PLR), mais aussi celui des socialistes et des UDC de la commune. «Les élus ont le devoir de dénoncer ces infractions afin de défendre les intérêts publics», écrit la section PLR dans un communiqué. Au Grand-Conseil, des députés déposeront une interpellation urgente afin de savoir si le Conseiller d’Etat Christophe Darbellay a eu connaissance de l’existence d’éventuelles infractions pénales qui apparaîtraient dans les audits.
Derrière ces conflits, c’est la survie des remontées mécaniques qui se joue. La lourde perte enregistrée en 2017 en raison de la forte réévaluation à la baisse de CMA Immobilier nécessite un assainissement de CMA comme le relève l’organe de révision dans le rapport de gestion.
Confiance rompue avec la population
La société a annoncé qu’elle prévoit d’abord de réduire la valeur nominale des actions de 40 centimes à 10 centimes, puis d’augmenter le capital de 50 millions de francs. Radovan Vitek participerait à cette transaction à hauteur de 30 millions de francs. Le solde est promis aux communes et aux petits actionnaires.
Or les dirigeants politiques du Haut-Plateau ont déjà affirmé qu’ils ne pourraient pas présenter la facture à leurs concitoyens après la décision prise par les responsables de CMA de fermer le domaine skiable en avril dernier en pleines vacances de Pâques. La confiance entre la population et la société de remontées mécaniques est rompue.
Cette opération financière entraînerait une perte totale de pouvoir des communes. Avec moins de 10% du capital, ces dernières ne disposeraient plus à l’avenir de la possibilité d’exiger un contrôle spécial des comptes de CMA.
Deux échéances attendent désormais le Haut-Plateau: la publication des audits commandés par les communes et l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires de CMA au début décembre.
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