Coronavirus: ces héros dans les coulisses de la lutte
Loin des lits de réanimation et des salles de soins, la lutte contre la propagation du coronavirus a impliqué d’autres métiers, dont les activités sont indispensables et complémentaires à celles des personnels soignants en première ligne.

Il y a bien évidemment ces médecins, infirmiers et infirmières, aides-soignants et tous les personnels de santé, qui sont acclamés chaque soir à 21h en Suisse. En première ligne face à la contamination, ils prennent des risques et mettent leur santé en jeu pour soigner les personnes contaminées et détecter les nouveaux cas.
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Pourtant, afin de leur permettre de travailler dans de bonnes conditions, ces personnels soignants peuvent s’appuyer sur une grande variété de corps de métier qui restent dans l’ombre. C’est ainsi que de nombreux actifs ont été mis à contribution de façon cruciale comme les blanchisseries pour le linge des chambres et les vêtements professionnels, les techniciens de surface pour les sols, les cuisiniers pour nourrir les patients et même les collègues des EMS pour veiller sur les aînés, particulièrement en danger lors de cette pandémie.
Le ballet des sacs jaunes du linge hospitalier
C’est ainsi que l’activité n’a pas faibli depuis début mars dans les blanchisseries Bardusch de Suisse. Le ballet des camions qui vont collecter les linges de lit, les blouses, et autres équipements a uniquement changé certains itinéraires. «Nous avons drastiquement réduit l’activité liée aux hôtels mais augmenté celle liée au secteur de la santé, avec deux collectes par jour pour certains établissements», confie Claudine Metzler, directrice Blanchisserie Centrale pour les sites Bardusch de Sierre et Yverdon les Bains.
«Nous sommes dans le médical depuis des décennies. Nous avons une expérience du linge contaminé, nos collaborateurs sont protégés avec des masques et des tenues spécifiques, on sait comment traiter. Ce qui change là c’est l’ampleur. Le volume anecdotique d’avant est devenu une grande part de notre production, avec une double désinfection pour ces produits à risque», poursuit la responsable, qui voit passer quantité de sacs jaunes chaque jour (ceux dans lesquels les textiles médicaux et potentiellement contaminés arrivent dans les locaux de Bardusch).
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Du côté des collaborateurs, le danger d’être contaminé par le biais de la manipulation de ces linges a été écarté d’emblée par les mesures de précaution très strictes adoptées par l’entreprise. Double décontamination, lavage et désinfection de l’ensemble des locaux communs plusieurs fois par jour, port du masque et d’une sur-blouse supplémentaire, mais aussi réunions d’information et responsabilisation de chaque collaborateur: «Nous avons demandé que la moindre personne sentant des symptômes ou ayant dans sa famille une personne malade cesse immédiatement de venir et reste en quarantaine», souligne Claudine Metzler.
La quarantaine, c’est un peu ce qu’ont vécu des centaines d’EMS en Suisse, à l’instar d’établissements similaires partout en Europe en mars et en avril. Les seniors figurant au premier rang des populations à risques, les responsables de ces établissements ont mobilisé leurs équipes pour minimiser les risques et éviter de surcharger les services de réanimation des hôpitaux engagés dans la lutte active contre la pandémie. Pourtant, certains cas sont survenus. Le premier EMS de Genève à avoir signalé un cas de Covid-19 est «La Terrassière SA» , à deux pas du rond-point de Rive. Sophie Dapples, sa directrice, explique que ses équipes suivaient la maladie depuis début février et ont commencé à prendre des mesures très tôt. Avec notamment un très important travail d’information, afin que les équipes puissent répondre aux nombreuses questions des pensionnaires. «Au moment de la survenue de la pandémie, nos pensionnaires étaient au clair sur les mesures que nous allions prendre. Le seul point qui restait en suspens était la durée du confinement. Ce qui manquait surtout pour la plupart d’entre eux, c’était le contact avec les proches. Nos équipes ont fait un énorme travail pour maintenir ce contact, avec les outils dont nous disposons, à la fois par téléphone et via des appels vidéos, afin de se voir», précise Sophie Dapples. Une attention accrue pour les aînés et de l’inventivité pour égayer le quotidien, dans la mesure du possible. C’est ainsi que, pour cet EMS en pleine ville, il n’était pas imaginable d’avoir des sorties hors de l’établissement, c’est donc sur les terrasses que les personnels ont accompagné les aînés afin de casser la monotonie de longues journées sans visites.
Les cuisiniers confinés en cuisine
Cependant, les mesures de sécurité accrues ont également entraîné des transferts de tâches. C’est ainsi que le personnel de cuisine a été confiné dans la cuisine afin de limiter les contacts, et ce sont donc les autres collaborateurs de l’EMS qui ont dû reprendre certaines fonctions de ceux-ci, comme les repas à apporter aux étages, pris en charge par les membres du service hôtelier de l’EMS. «Ce dernier a bénéficié du renfort des services de la protection civile avec deux personnes par jour, toujours les mêmes, qui venaient, avec les mêmes précautions que pour l’ensemble de nos équipes. Nous avons aussi eu des bénévoles de l’ Association des étudiant-e-s en médecine de Genève (AEMG) pour nous aider. Cela nous a permis d’assurer le service de manière correcte», se félicite la directrice.
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Dans les cuisines justement s’activent ceux qui alimentent personnels de santé et patients ou pensionnaires. A l’EMS «La Terrassière SA» justement, c’est Olivier Gabard qui est responsable du service de restauration. Présent dans l’établissement depuis 24 ans, il a vu arriver la pandémie et s’est immédiatement posé la question des mesures de précaution, aussi bien avec son employeur, le groupe de restauration Eldora , qu’avec les responsables de l’EMS et Sophie Dapples en particulier. Des plans spéciaux ont été mis en place au niveau d’Eldora et de ses différentes divisions concernées, notamment dans le pôle santé. Au niveau de l’équipe cuisine de «La Terrassière SA», les façons de procéder ont été adaptées pour minimiser le risque de contagion et de transmission. Ainsi «un protocole a été mis en place pour les chariots: ils sont habituellement lavés et placés dans un sas de désinfection par les professionnels de l’hôtellerie de l’EMS, et les températures de chauffe dans le tunnel de lavage ont été augmentées pour éliminer encore davantage de traces», détaille Olivier Gabard. Depuis début mars, les cuisines sont fermées et seul le personnel qui y travaille peut y entrer, tous avec masques et gants.
Pour Olivier Gabard et ses équipes, plus encore que l’impact sur le travail, c’est l’impact humain qui est difficile: «En temps normal, nous avons une cuisine ouverte sur le restaurant et la cafétéria. Cela permet d’avoir des échanges verbaux. Moi et mes collaborateurs, quand nous nous déplaçons dans les étages pour amener les repas, nous avons des discussions. Cela fait partie de notre métier d’avoir ce relationnel humain qui enrichit le quotidien». Désormais, depuis bientôt deux mois, lui et ses collaborateurs ne peuvent plus échanger avec les pensionnaires de l’EMS. Mais ils sont bien conscients que c’est pour la sécurité de ceux-ci et que leur métier reste plus crucial que jamais.
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