Condamnée par sa petite taille, Monaco gagne la mer
Mise au défi par le manque d'espace, la Principauté multiplie les opérations de valorisation: extension en mer, transformation de l’Hôtel de Paris, démolition du Sporting d’hiver, etc.
Le très fermé Yacht Club de Monaco a inauguré le 20 juin son nouvel écrin prestigieux. Réalisé par l’architecte Sir Norman Foster, en collaboration avec son homologue monégasque Alexandre Giraldi (auteur de la Tour Odéon), il aura coûté 140 millions de francs. Le nouveau bâtiment, situé sur le quai Louis II, évoque la forme d’un navire.
Conçu pour être à la fois esthétique et à la pointe de la technologie, il s’inscrit dans une démarche haute qualité environnementale (il est climatisé grâce à la fraîcheur de l’eau de mer, puisée à 40 mètres de profondeur).
Cette construction libère l’ancien Yacht Club, lequel peut désormais héberger l’International School of Monaco (ISM), actuellement à l’étroit. Inauguré en septembre 1994 avec une première volée de 34 élèves, cet établissement anglophone en compte aujourd’hui plus de 520! Il est prévu que l’ISM déménage dans un nouvel immeuble, dont le chantier devrait s’ouvrir en 2015.
Ses futurs locaux («Testimonio II») devraient lui permettre d’accueillir près de 750 élèves, ainsi que de créer 125 logements domaniaux (appartenant à la Principauté et réservés aux Monégasques).
Monaco est condamné, vu sa petite taille (2,02 km 2 ), à être en chantier permanent. Pas étonnant qu’avec environ 18 000 habitants au kilomètre carré (soit environ dix fois la densité de Genève), le deuxième plus petit Etat du monde souhaite s’agrandir. Après avoir renoncé voici quelques années à une extension en mer, le prince Albert II a décidé de relancer le projet d’expansion de six hectares.
Suite à un appel à candidature européen, lancé le 3 mai 2013, quatre candidats avaient répondu présent: Fincantieri, Vinci, Bouygues/Le Portier Holding, et Terraforma Gildo Pastor Pallanca. Le 15 janvier 2014, le gouvernement a décidé d’entrer en négociation exclusive avec Bouygues/Le Portier (qui, outre le constructeur, regroupe une douzaine d’investisseurs) pour ce projet situé en face de l’anse du Portier, au pied du jardin japonais de Monaco.
Le coût de réalisation du socle (estimé à 1 milliard d’euros) sera à la charge du groupement retenu en contrepartie de droits à bâtir. Concrètement, l’Etat cédera les volumes nécessaires à l’emprise du projet dans sa globalité et recevra la propriété des nouveaux ouvrages d’infrastructures, des voies de circulation et des réseaux.
Par ailleurs, la Principauté se verra offrir, dans des proportions à négocier, la propriété de surfaces bâties ou non bâties (espaces verts, par exemple). L’opérateur commercialisera les surfaces bâties non rétrocédées à l’Etat et se rémunérera avec le produit de cette vente. Les modalités contractuelles de mise en œuvre de ce projet feront l’objet de négociations avec l’Etat.
Dans ce futur quartier délimité par deux sites marins protégés, un écoquartier de luxe avec des immeubles de maximum 10 étages (ce qui est peu élevé pour Monaco) doit surgir d’ici à 2025. Outre des logements de grand luxe et des parkings sous-marins, des commerces, des bureaux (60 000 m 2 en tout) et une marina équipée de 30 à 40 anneaux surgiront.
Métamorphose - -
D’autres chantiers vont s’ouvrir bien plus vite. A commencer par la rénovation de l’Hôtel de Paris. Doté d’une exceptionnelle qualité d’emplacement, à quelques pas du mythique Casino de Monte-Carlo, l’Hôtel de Paris offre également de grandes tables de renommée internationale telles que le Louis XV-Alain Ducasse et le Grill, sans oublier ses caves qui renferment près de 600 000 bouteilles.
Construit en 1864, ce palace va fermer momentanément ses portes pour préparer un vaste chantier. Sa façade va demeurer identique, tandis que le reste du palace sera modernisé. L’idée est d’augmenter la superficie des chambres et le nombre de suites. Une villa fera son apparition sur le toit avec un jardin et une piscine privés. - Le propriétaire, la Société des bains de mer (SBM), a prévu un budget de l’ordre de 250 millions d’euros pour cet hôtel. Ce chantier devrait s’achever pour septembre 2018.
Son voisin, le Sporting d’hiver, sera pour sa part entièrement démoli à la fin de l’année. Cet immeuble massif sans charme fera place à sept pavillons dessinés par le cabinet britannique Rogers Stirk Harbour + Partners, sous la coordination d’Alexandre Giraldi.
Le Sporting actuel avait été dessiné pour accueillir des salons de jeu, des salles de fêtes et des restaurants. Mais depuis l’ouverture du Sporting d’été en 1974, les bals et autres galas s’y sont déplacés et le Sporting d’hiver n’abrite plus que des boutiques, un cinéma et des bureaux (notamment ceux - de la SBM).
Côté place du Casino, quatre bâtiments seront alignés sur la façade de l’Hôtel de Paris et culmineront à la même hauteur. Les façades feront la part belle au verre avec des éléments végétaux le long des balcons. Les trois autres édifices, donnant sur le square Beaumarchais, seront plus hauts.
Entre les deux séries de bâtiments sera aménagée une avenue piétonnière. Les boutiques de luxe occuperont les deux premiers étages (6800 m 2 ), le reste sera partagé entre bureaux (4700 m 2 ), résidences très haut de gamme (36 appartements sur 19 600 m 2 ), galerie d’art (1100 m 2 ) ou encore salles de conférences (3300 m 2 ). A cela s’ajoute un parking de cinq niveaux en sous-sol.
L’ensemble devrait coûter entre 350 et 400 millions d’euros à la SBM, mais pour créer des actifs dont la valeur est estimée à quelque 1,5 milliard d’euros! Ces travaux doivent s’achever courant 2016.
65 000 à 75 000 euros le mètre carré - -
Rappelons aussi la cons-truction de la Tour Odéon (la plus haute de la Principauté), dont la livraison est prévue pour le deuxième trimestre 2015. Elle comprend 49 étages entièrement consacrés au logement. 70 appartements ont été d’ores et déjà acquis par l’Etat pour augmenter son parc domanial.
Les logements seront ensuite mis en location à des tarifs comparables à ceux de quartiers «populaires» de Nice, par exemple, soit à des tarifs inférieurs de trois à cinq fois à ceux pratiqués à Monaco. Toutes les pièces ont un accès direct aux terrasses qui entourent l’édifice, ce qui permet de bénéficier d’une vue à 360 degrés garantissant une luminosité exceptionnelle.
Pour la réaliser, le groupe familial Marzocco a collaboré avec l’incontournable Alexandre Giraldi, le cabinet Alberto Pinto pour le design d’intérieur et avec le constructeur Vinci.
Les appartements de luxe (73, inclus les deux duplex et le penthouse) sont commercialisés au prix moyen de 65 000 à 75 000 euros le mètre carré selon l’étage. Le coût de construction s’est élevé à 670 millions d’euros; 26 des 38 premiers appartements mis en vente ont d’ores et déjà trouvés preneur.
Enfin, citons le chantier colossal du futur Centre hospitalier Princesse Grace, lequel enjambera une voie de circulation. Ce chantier, dont le coût est évalué à près de 700 millions d’euros, devrait s’étendre sur une décennie. - - Il s’agit de doter la Principauté d’un hôpital à la hauteur de sa clientèle potentielle. Autant dire que les grues vont continuer de fleurir sur ce dynamique bout de terre!
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.