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Dans une Europe qui s’enlise dans la crise avec une croissance en baisse et un chômage qui augmente, la Suisse est un îlot de bien-être. Et ses habitants en ont bien conscience. Ainsi, selon un sondage réalisé par l’institut DemoSCOPE pour le compte de Bilan, 78% des personnes interrogées répondent affirmativement à la question de savoir si elles disposent de suffisamment d’argent pour vivre aisément.

«L’ampleur du oui me surprend», affirme André Mach, sociologue à l’Université de Lausanne. «Malgré les complaintes habituelles liées à la cherté de la vie en général et aux primes d’assurance-maladie en particulier, les Suisses sont d’avis qu’ils disposent d’un niveau de vie élevé», constate-t-il.

«La différence entre la Suisse alémanique (82%) et la Suisse romande (66%) est significative», estime Anya Ensmann, senior research consultant chez DemoSCOPE. L’écart entre les deux régions linguistiques est encore beaucoup plus important selon la nature du oui: 36% des Alémaniques contre seulement 18% des Romands penchent pour le oui tout à fait.

Des réponses qui n’étonnent pas Peter Köppel, animateur du Forum PME/KMU: «Le Romand ose dire plus facilement qu’il n’est pas content de son sort. A l’inverse, l’Alémanique a plutôt tendance à s’autocensurer. Car il craint le regard des autres.» D’ailleurs, un sondage publié récemment par le spécialiste du placement en personnel Kelly Services confirme ce phénomène; 42% des Alémaniques se disent satisfaits de leur niveau de salaire contre seul un Romand sur trois.

A partir de quel niveau de fortune le Suisse se considère-t-il comme riche? Pour 44% des sondés, il faut posséder au moins entre 1 et 4 millions de francs. Et pour 36% d’entre eux un montant inférieur à 1 million suffit. Romands et Alémaniques partagent plus ou moins le même avis.

Selon la statistique fiscale de l’Administration fédérale des contributions, la répartition de la richesse est très inégale. Les dernières données, qui remontent à l’année 2009, montrent que les millionnaires - 4,7% du nombre des contribuables - détiennent 57,7% de la fortune totale. Et 0,2% contrôlent même plus d’un quart de cette dernière.

Selon une étude de la banque britannique Barclays consacrée aux personnes fortunées (plus de 1,4 million de francs), «la succession et l’épargne demeurent les principales sources de richesse en Suisse». Plus de la moitié des personnes interrogées rapportent avoir eu besoin de plus de trente ans pour créer leur fortune.

D’après le sondage réalisé par DemoSCOPE pour Bilan, les Suisses estiment que la richesse permet surtout d’être à l’aise sur le plan financier et de pouvoir dépenser sans compter. La seconde affirmation laisse apparaître une nette différence entre Alémaniques et Romands.

Les premiers (67%) en sont davantage convaincus que les seconds (55%). En revanche, 54% des Helvètes rejettent l’idée selon laquelle la richesse permet de s’arrêter de travailler. De même, une hausse de l’impôt sur la fortune divise les personnes interrogées en deux camps quasi égaux; 46% d’entre elles se situent dans celui du oui et 47% dans celui du non. Romands et Alémaniques partagent la même opinion sur cette question.

375 000 dollars par habitant - -

Enfin, les Helvètes estiment à 94% qu’ils vivent dans un pays riche. Là aussi, d’après Anya Ensmann, l’écart peut être qualifié d’important de part et d’autre de la Sarine. Le oui l’emporte plus fortement en Suisse alémanique (96%) qu’en Suisse romande (87%). Les sondés ne se trompent pas.

Selon une étude publiée récemment par le laboratoire des idées libérales Avenir Suisse, le produit intérieur brut par habitant de 50   000 dollars place notre pays au 3 ^e rang du classement mondial (au prix de 2012). Avec une fortune moyenne de 375 000 dollars, la Suisse décroche même l’or. Et elle est seulement dépassée par Singapour, le Koweït et le Qatar, avec 9,5% de la population qui possède une fortune supérieure à 1   million de dollars.

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