Comment l'énergie redessine la carte de la prospérité
A Davos, l'environnement est au coeur du WEF. Mais le débat se pose désormais plus en termes de géopolitique que d'investissements dans les technologies vertes.

Cette année, les débats du World Economic Forum s'avèrent intenses sur le thème de l'énergie. La réunion des global leaders de l'économie et de la politique a mis à son agenda l'environnement afin de replacer le thème au coeur des préoccupations des participants. La reprise, oui, mais version durable serait-elle le grand thème « vert » et bonne conscience de cette édition? Pas vraiment. Ce qui intéresse ici en premier lieu les participants, c'est de savoir quels sont les pays les mieux positionnés dans ce grand jeu mondial.
Pour Fatih Birol, le chef économiste de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), les Etats-Unis ont clairement pris le leadership. Grâce à leur engagement dans les énergies non conventionnelles, leurs prix sont parfois jusqu'à trois fois plus bas que ceux enregistrés en Europe. « Les USA vont devenir exportateurs nets, ils baissent leur déficit commercial, leurs émissions de CO2 sont redescendus au niveau de ceux des années 90 et l'industrie manufacturière renaît grâce aux coûts bas de l'énergie. »
Mais la situation globale du marché de l'énergie est surtout devenue plus complexe. D'anciens pays en voie de développement sont devenus de gros consommateurs et – de surcroît - de plus en plus sophistiqués, alors que d'anciens producteurs voient partir leurs clients. Ainsi, la Chine a besoin de toujours plus d'énergie propre et le Canada voit ses clients traditionnels du Sud se tourner vers d'autres fournisseurs, basés en Asie principalement.
Pour Fatih Birol, la « compétitivité des pays à l'échelle mondiale ces prochaines années va être profondément bouleversée à cause de ces mouvements ». En filigrane, les anciennes sphères d'influence évoluent au profit d'autres, et ainsi le Moyen-Orient exportateur de pétrole se rapproche toujours plus de l'Asie. En ligne de mire aussi, l'Europe qui, selon l'expert, a investi dans le renouvelable avec un cadre réglementaire lourd sans trop se poser de questions. Résultat: des prix en hausse qui hypothèquent la reprise économique.
236 milliards de dollars d'investissements
Le Brésil symbolise bien ce grand brassage des cartes. Maria Silva Foster, la CEO de Petrobras, met en avant la politique d'un Etat qui vise à «l'inclusion sociale», soit la réduction de la pauvreté, grâce à la richesse tirée des gisements de pétrole extraordinaires qui ont été découverts. Niveau des investissements attendus pour Petrobras ? 236 milliards de dollars entre 2012 et 2016, soit le plus haut niveau d'investissement jamais consenti par une entreprise !
Les objectifs sont très ambitieux. Le Brésil veut devenir un des premiers producteurs mondiaux de pétrole d'ici à 2020 avec 6 millions de barils/jour espérés à cette date. Avec des problèmes de pollution graves à venir ?
Chez le géant des technologies de l’énergie ABB, qui vient de publier une alerte sur ses résultats suite à des retards dans ses projets éoliens en Mer du Nord, cet enjeu d'un avenir énergétique plus vert est crucial : selon Ulrich Spiesshofer, son CEO, il faudra ces prochaines années absolument découpler la croissance économique de la pollution. « Nous devons avoir moins de consommation énergétique pour plus de PIB. Ce défi sera l'élément clé de la prospérité mondiale ces prochaines années.» Chassez le durable et il revient au galop.
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