Comment les géants de la Tech peuvent aider à lutter contre la faim dans le monde
Si les situations de famine ont été réduites ces dernières années, des millions d'êtres humains continuent de souffrir de la faim. Pour lutter contre ces situations persistantes ou exceptionnelles, le Programme alimentaire mondial (PAM) s'appuie sur des partenariats avec des grandes entreprises du secteur technologique et explique ces enjeux en marge du World Economic Forum (WEF) à Davos cette semaine.

Un tsunami en Asie ou un ouragan dans les Caraïbes et ce sont des pays entiers qui sont ravagés et leurs populations affamées. Une guerre en Afrique ou au Moyen-Orient et des centaines de milliers de réfugiés se retrouvent sur les routes sans avoir de quoi se nourrir. Sans oublier les influences du réchauffement climatique, sécheresses ou dérèglements en tous genres qui impactent les cultures vivrières de populations entières sur la planète.
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Face à ces situations, qu'elles soient exceptionnelles et urgentes dans des cas de catastrophes ou qu'elles soient durables et prévisibles, le Programme alimentaire mondial (PAM) déploie ses équipes sur le terrain. A travers la planète, ce sont 130 millions de personnes pour qui la faim représente un danger mortel chaque année.
Optimiser les interventions de terrain
«Toutes les 5 à 10 secondes, un enfant meurt de faim sur la planète. La question est de savoir ce que nous allons faire, alors même que nous disposons d’outils technologiques d’un niveau jamais atteint avant. Il y a une obligation morale à agir, y compris pour les géants de la tech. La technologie ne peut nourrir en elle-même, un smartphone ne peut pas nourrir. Mais ce téléphone peut nous aider à optimiser nos programmes et l’aide internationale pour nourrir davantage de monde sur la planète», explique David Beasley, directeur exécutif du Programme alimentaire mondial.
Une aide notamment précieuse dans le cadre d'interventions d'urgence. Aux Caraïbes ou en Indonésie, lors de plusieurs opérations du PAM consécutives à des catastrophes naturelles, des équipes du suédois Ericsson ont été déployées rapidement pour remettre en état les réseaux de communication. «Une aide cruciale pour intervenir efficacement, coordonner les équipes et permettre à l'aide acheminée sur place d'arriver partout au plus vite. Grâce à ces outils, ce sont des milliers de vies qui sont sauvées», note David Beasley. « Ericsson Response est un programme né non pas d'une volonté de la direction de se donner une bonne image mais de nos collaborateurs qui voulaient agir face à des catastrophes», précise Heather Johnson, vice-présidente durabilité et responsabilité d'entreprise chez Ericsson. Et d'ajouter que «le programme est soutenu par la société mais reste basé sur le volontariat des collaborateurs, qui peuvent intervenir lors de crises sur le terrain afin de rétablir réseaux et connectivité et faciliter les opérations des équipes de secours».
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Autre apport de la technologie pour ce type d'opérations humanitaires: la réduction du gap générationnel. La GSM Association , qui regroupe 800 acteurs de l'industrie de la téléphonie mobile à travers le monde, a mené plusieurs opérations dans des camps de réfugiés afin d'apprendre aux aînés à se servir de la technologie. «Il ne s'agit pas d'un hobby mais d'une compétence cruciale, qui pourra être utile s'ils vont s'installer dans un pays d'accueil ou s'ils peuvent retourner dans leur pays et, par exemple pour des agriculteurs, utiliser des outils technologiques pour optimiser leur production alimentaire», glisse John Giusti, responsable de la réglementation à la GSMA.
Mieux utiliser les données
A l'ère du Big Data, les données sont aussi devenues cruciales pour optimiser l'aide apportée aux populations qui souffrent de la faim ou de la malnutrition. «Les données sont partout et le PAM en brasse énormément. Reste à savoir les utiliser et les optimiser», note Katherine Hsiao, conseillère du CEO de Palantir , géant californien de l'analyse des données. Et de préciser le rôle de son entreprise dans ce domaine: «Ce que Palantir fait, c’est d’aider à les ordonner et les mettre en situation de faire du sens, afin qu’ils deviennent une source d’amélioration. Nous avons mis en place une plateforme qui réduit la distance entre le travail du back-end et celui du front-end: les ONG peuvent y déposer leurs données et nous les mettons en ordre pour qu’ils puissent les utiliser afin de rendre leur travail plus efficace». Un partenariat qui porte ses fruits: aux yeux de Heather Johnson, «la technologie seule ne suffit pas, mais elle permet de rendre plus efficaces les actions de terrain, la distribution de nourriture. Et au sein des différentes agences de l'ONU, le PAM est l'une de celles qui utilise le mieux ses données».
Une efficacité dans l'utilisation des données pleinement intégrée par les dirigeants du PAM. Enrica Maria Porcari, responsable de la division technologie au sein du Programme alimentaire mondial, résume les missions de son organisation: «Nous sommes à la fois un opérateur logistique, qui déplace des stocks de nourriture, mais aussi un opérateur financier, avec un budget de deux milliards de dollars qui doivent le plus largement possible arriver au bénéfice des populations. Notre question est d’arriver à atteindre l’efficacité maximale, et les données sont aujourd'hui cruciales pour y parvenir».
Quel retour pour les partenaires?
Un chemin qui n'est pas toujours facile. Y compris dans les partenariats que peut nouer le PAM avec des acteurs de la scène technologique: «Les solutions envisagées ou proposées ne fonctionnent pas toujours du premier coup: dans ce genre de cas, il faut du courage pour dire quand ça ne joue pas. C’est précisément là que l'on voit l’engagement réel et sincère des partenaires, quand les entreprises envoient des spécialistes pour se pencher sur ce qui bloque et trouver des solutions alternatives», révèle Enrica Maria Porcari, qui souligne cependant l'apport crucial de la technologie: «Avant, nos opérateurs de terrain devaient se fier à leur instinct pour savoir où étaient les priorités. Désormais, la technologie nous aide à mieux cibler les urgences en situation de crise avec plus d'information sur les besoins et les priorités».
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Reste une question cruciale: quel intérêt pour ces géants mondiaux de la technologie de se positionner sur de tels partenariats? Evidemment, pour certains, l'engagement sincère de dirigeants ou pour d'autres le besoin de (re)dorer leur image auprès du grand public joue un rôle. Mais cela ne garantit pas toujours la pérennité dont des organisations dont le PAM a besoin pour déployer son action. «Il faut s’assurer qu’il y a aussi un intérêt pour nos partenaires. Le pire pour nous serait de mettre en place un partenariat qui ne serait pas appuyé sur des bases solides et resterait fragile», insiste la responsable de la division technologie du PAM.
Quels bénéfices alors? «Il ne s'agit pas forcément un bénéfice pour les actionnaires ou en termes de marketing et d’image, mais nous privilégions un intérêt réel pour les employés, notamment en matière de sens donné au travail pour les jeunes générations, et ainsi les inciter à s’engager sur le long terme en faveur de l’entreprise. Car ils voient qu’ils peuvent faire quelque chose de positif sur des aspects qui ne sont pas le core-business de l’entreprise», confie Enrica Maria Porcari.
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