Cadeaux fiscaux: le revers de la médaille
Attiré à Neuchâtel par des exemptions fiscales, le géant américain Autodesk a tourné le dos à la Suisse. D’autres départs d’entreprises étrangères devraient suivre, prédisent les experts.
La politique des cadeaux fiscaux a-t-elle vécu? En dépit des efforts du canton de Neuchâtel, le géant américain Autodesk va quitter la Suisse en laissant quelque 230 employés sur le carreau. Arrivé en 1991 à Neuchâtel, le groupe californien spécialiste des logiciels de dessin assisté a bénéficié d’exemptions fiscales durant des années. Mais les exigences de rentabilité conduisent aujourd’hui la direction à relocaliser les activités assurées en Suisse ailleurs en Europe, notamment en Irlande où les avantages fiscaux se combinent aux coûts avantageux de la main-d’œuvre.
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Chef de l’ Office de promotion économique de Neuchâtel jusqu’à fin janvier, Alain Barbal ne s’étonne guère: «Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement les régions de Suisse qui sont en compétition, mais des zones spéciales aux quatre coins du monde. Et il y en a un bon millier. La surenchère est énorme avec des investissements en milliards de dollars consentis de la Chine aux Etats-Unis dans les cryptomonnaies ou encore la chimie.»
Soigner la relation entre autorités et compagnies implantées
Un observateur martèle: «D’autres départs sont à venir. Les signes avant-coureurs de ce type de nouvelles abondent.» Et cela, en dépit d’exemptions importantes. Professeur d’économie à Neuchâtel, Claude Jeanrenaud observe: «Les données de la péréquation financière fédérale indiquent que les rabais fiscaux restent très fréquents, pas seulement pour les rabais du type de l’Arrêté Bonny mais aussi pour les statuts spéciaux.» Il existe en outre des subterfuges. Pour continuer à bénéficier des exemptions, un groupe peut créer une nouvelle société rattachée à la première et faire ensuite apparaître les bénéfices dans la nouvelle.
«La fin d’avantages fiscaux ne constitue pas un critère suffisant pour qu’un groupe décide de partir. Mais des initiatives comme la limitation de la population et des travailleurs étrangers nuisent au maintien des compétences en Suisse», relève Jacques Pasche, fondateur du cabinet Strategic Set-Up, à Lausanne.
C’est pourquoi il y a énormément à faire pour soigner la relation entre les autorités et les compagnies implantées, selon Alain Barbal. «Des contacts doivent être maintenus en permanence avec les sièges et non pas seulement avec les filiales. Il faut aussi surveiller les investissements consentis partout dans le monde et s’assurer que certains se font chez vous. La stratégie présentée par les documents de l’entreprise à disposition sur internet permet aussi d’anticiper les mouvements à venir.»
Aider les entreprises à ouvrir de nouveaux marchés à l’étranger -
Un interlocuteur pointe toutefois: «Il y a une disproportion entre les moyens investis dans la promotion exogène et les résultats pour l’économie et l’emploi. Il vaudrait la peine de reconsidérer les choix.» Pour Claude Jeanrenaud, le renforcement des PME existantes à un fort potentiel de croissance s’avère être la meilleure manière de soutenir l’emploi. «Il faut commencer par identifier ces entreprises, puis leur fournir une aide à l’innovation et pour ouvrir de nouveaux marchés à l’étranger.»
Alain Barbal est du même avis: «L’Etat devrait soutenir les PME existantes dans leur internationalisation, de manière à ce qu’elles soient plus compétitives. Tant que le siège reste en Suisse, la délocalisation de la production contribue à la croissance de l’entreprise et donc à la création de nouveaux postes ici aussi.»
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